Paroisse Notre Dame de l'Estuaire
7, place de l'église - 17120 Cozes
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Paroisse Notre Dame de l'Estuaire
23/11/2020
C’est au XIXe siècle que l’église de Brie acquiert cette silhouette qui nous est familière avec abside en cul-de-four et son arc en anse de panier qui relie la nef au sanctuaire. Quelques chapiteaux sculptés (arabesques, feuillages) viennent animer les colonnes et tournent nos regards vers la peinture naïve sur l'abside offrant une ouverture sur le ciel bleu nuit étoilé. Le chemin de croix, constitué de gravures, date du 19e siècle. Une mosaïque incrustée dans le dallage indiquant la date de fin de chantier (1899).
L’autel de marbre blanc remplace l’ancien autel en bois peint de style renaissance. L’actuel clocher, porté par quatre piliers formant le porche, surmonté par une élégante flèche, est un ajout de la fin du XIX e siècle. Il est réalisé en pierre provenant des carrières de la Combe du Cassar. En faisant le tour de l’église, on peut observer sur la façade sud, juste au-dessus de la sacristie, les traces d’une fenêtre romane. Faisant face au chevet, on peut voir une vieille croix de pierre et un beau sarcophage dont une face est sculptée.
21/11/2020
Cette région a connu au cours des siècles plusieurs périodes de prospérité dues probablement à sa situation géographique : proche de l’estuaire de la Gironde, elle se trouvait sur la route de l’étain, qui s’échangeait entre la Cornouaille et la Méditerranée. Cette vaste plaine qui va du nord de l’Europe jusqu’à la frontière espagnole a vu passer toutes les invasions qui sont venues mourir à l’ouest de l’Europe. Bien sûr, plus tard, elle a été un lieu de passage pour les pèlerins de Saint-Jacques qui venaient de Bretagne ou de Normandie et continuaient vers le Sud ou s’embarquaient vers l’Espagne par Mortagne ou Talmont. Ces échanges multiples ont eu forcément une influence sur la constitution de ce qu’on appelle l’art roman saintongeais.
L’église de St Pierre de Cozes, inscrite à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments historiques le 15 février 1925, faisait partie de vaste mouvement culturel et religieux et était à l’origine une possession de l’ancienne abbaye augustinienne Saint-Étienne de Mortagne. On notera que de nos jours, d’un point de vue religieux, elle fait partie administrativement d’un groupement de clochers qui constitue la paroisse « Notre-Dame de I’Estuaire et qu’elle est dépendant de l’évêché de La Rochelle.
Traversant les siècles, l’église n’a pas été épargnée par les aléas de l’histoire. Elle a connu effondrements, incendies, destructions, reconstructions, agrandissements. Et les styles se sont succédé. Au fur et à mesure des événements, cet important édifice, qui possède encore quelques parties du XIIe siècle, a été presque entièrement reconstruit au XIIIe et surtout au XIVe s, le clocher date du XVe siècle. Le chevet, plat contraire à l’usage roman, daterait du XIVe s. Quant à la façade actuelle, d’inspiration néo-classique, avec son fronton, elle date de 1850 environ, pour ne parler que de l’architecture…
Des traces des anciennes structures existent, bien entendu. Ainsi, à l’extérieur, la face est du clocher, qui porte une toiture octogonale bien qu’il soit carré, porte les marques de l’ancien emplacement de la toiture de la nef, plus élevée que l’actuelle, d’environ 7 mètres. La hauteur des contreforts nord correspondait d’ailleurs à celle de l’ancienne voûte. Il suffit aussi de faire le tour de l’église pour apercevoir, de tous côtés, des éléments d’architecture anciens. Et à l’intérieur du clocher, se voient des colonnes et d’anciennes baies qui existaient avant sa construction au XIIIe siècle et qui ont été murées.
Le clocher lui-même est une haute et massive tour qui s’élève au Nord, à côté de la nef, à la hauteur de la cinquième travée. A sa base, une petite porte ogivale sert d’entrée habituelle. Il est carré jusqu’à la hauteur des contreforts massifs, justifiés autrefois par le poids de la voûte. Cette partie carrée est surmontée d’un étage octogonal qui contient les cloches et l’horloge ; la toiture a la forme d’une pyramide, évidemment octogonale.
20/11/2020
Ainsi la composition de la façade, avec ses deux arcs aveugles surhaussés encadrant le portail, ressort d’une interprétation de la tradition romane. Il en est de même pour la frise de pointes de diamant qui orne l’imposte à droite du portail. A gauche, des oiseaux et des serpents, ainsi que quelques feuillages d’un naturalisme plus gothique, sont les seuls reconnaissables.
A l’intérieur, c’est le chapiteau placé dans l’angle sud-est du cœur qui éveille la curiosité : sa forme de parallélépipède aux angles abattus et légèrement concaves, son décor en très faible relief représentant des silhouettes d’oiseaux encadrés par des palmes, et le fait même qu’une unique grande corbeille reçoive les retombées de plusieurs arcs, tout cela montre qu’il s’agit d’un chapiteau extrêmement archaïque, de tradition romane, qui tranche nettement avec le pilier lui-même, dont le profil complexe accuse nettement un XIIIe siècle très avancé.
Ayant souffert des aléas des temps, l’église connait une première campagne de restauration au XVIIe siècle (porte de la façade ornée d’un blason faisant penser à une porte seigneuriale) mais c’est au XIXe siècle que l’édifice est dotée d’une chaire et un autel néogothique de belle qualité qui sont venus agrémentés le chœur. Une sacristie, elle aussi néogothique, est adjointe au sud du chœur à la même époque.
19/11/2020
Le Castrum Mauricum était un maillon important de la ligne de défense que l’Empire romain avait dressée sur toute la façade atlantique et, bien longtemps après la fin de l’Empire, les seigneurs qui détenaient la forteresse de Mortagne jouissaient encore d’une réelle suprématie sur les autres nobliaux de la Saintonge maritime. Pour bien marquer leur rang, les seigneurs de Mortagne n’hésitaient pas à faire appel à de puissants monastères pour les assister dans leurs pieuses fondations comme celle de Saint-Etienne de Vaux-sur-Mer élevée avec le concours de l’abbaye de Maillezais, ou encore s’affichaient comme soutient de la grande Réforme grégorienne. C’est alors qu’ils favorisent la fondation d’un important prieuré confié aux Chanoines Réformés de Saint-Augustin vers 1113 (prieuré édifié probablement à l’emplacement de l’actuel stade). De ce prieuré dépendaient plusieurs églises paroissiales des environs comme Saint-Seurin d’Uzet.
L’église Saint-Etienne de Mortagne fut réédifiée au XIIIe siècle et elle appartenait à ce moment tardif de l’art roman que l’on appelle le « Roman Plantagenet ». Dans les bras de la croix latine que forme l’édifice, on peut admirer de très beaux chapiteaux, rares vestiges qui ont échappé aux destructions consécutives à la sanglante équipée d’Agrippa d'Aubigné en 1580. L'église, très largement détruite lors des Guerres de religions, ne sera partiellement restaurée qu'au cours du XVIe siècle. C’est un peu plus tard qu’un autel jésuite fut placé dans le sanctuaire restauré sous Louis XIII. Les stalles du chœur ne sont pas antérieures au XVIIIe siècle, stalles qui accueillaient encore treize chanoines réguliers de l’ordre de Saint-Augustin.
Au XIXe siècle, il est décidé d’élever un nouveau clocher (1860) qui pourra servir d’amer aux marins navigants sur la Gironde. Des travaux sont également entrepris à la même époque dans le sanctuaire sous l’égide de l’architecte Alaux qui fait abattre la façade romane, ajouté une travée à la nef et au clocher néo-gothique.
19/11/2020
L’église sera profondément modifiée trois cents ans plus tard à la fin du XVIIe siècle probablement en raison des dégâts et des vicissitudes des Guerres de religion. D’autres travaux seront diligentés à partir de 1670. La façade, édifiée en 1703, se compose d'une porte à fronton triangulaire brisé, surmontée d'une baie rectangulaire, et est encadrée par deux contreforts massifs. La décoration de l'abside fut entièrement repensée au XIXe siècle : de cette époque datent les fresques murales et la voûte céleste peinte sur le cul de four, même les chapiteaux romans furent repeints également à cette occasion, empâtant de façon dommageable la finesse de la sculpture romane. Mais cet usage intempestif de la peinture peut avoir du bon ! A l’occasion de travaux entrepris en 2018, on eut l’heureuse surprise de découvrir que l’épaisse couche de badigeon (en fait onze couches !) recouvrant la chapelle sud dissimulait un véritable trésor : des décors peints datant du XVe siècle représentant des scènes religieuses qui sont encore à déchiffrer.
La coupole de l’église surplombe un très beau chapiteau roman représentant la « pesée des âmes ». Saint Michel, une balance à la main, regarde Satan qui cherche, vainement, à faire peser le fléau de son côté, un motif remontant à l’Egypte pharaonique et accueilli dans l’univers roman via l’Eglise copte d’Egypte, peut-être à l’occasion des croisades. Le motif est bien connu : si le plateau penche du côté du bien, l’âme du défunt sera sauvée et pourra rentrer dans le Paradis. Dans le cas contraire, elle sera livrée au pouvoir du Satan. Mais que nul ne désespère ! La même scène, représentée sur des chapiteaux des églises de Saint-Eutrope de Saintes, Saujon ou Corme-Royal, est sans équivoque : on y voit très clairement l’archange Michel appuyant sans vergogne sur le fléau de la balance pour la faire pencher du côté de Dieu…
18/11/2020
1. Vestiges gallo-romains et église primitive
Tout commence quand un certain Florus, un riche Gallo-Romain, se fait construire une villa dans cette combe arrosée par un petit cours d’eau. La villa de Florus est avant tout une exploitation agricole, et ses domaines s’étendent sur des centaines d’hectares aux alentours. Mais, sous le climat doux des bords de l’estuaire, c’était sans doute aussi un lieu de vie choisi pour son agrément.
C’est sur ou avec les ruines de ces bâtiments que, quelques siècles plus tard, sera construite une première église en ce lieu qu’on appelle désormais chez Florus. En bas latin, on dit Floracum, ce qui donnera vite Floiracum.
2. Église du XIIe siècle
Sautons par-dessus les siècles pour arriver en plein Moyen-Âge. C’est au XIIe siècle qu’est construite l’église que nous connaissons, de style roman comme beaucoup d’églises de la région.
Le roman se caractérise par l’aspect massif des bâtiments, leurs murs épais sur lesquels s’appuient de nombreux contreforts, la faible taille des ouvertures (souvent en plein cintre) et les voûtes en berceau.
De cette église romane, il ne reste que les murs de la nef et le clocher. Le chevet du XIIe siècle était sans doute plus court que celui d’aujourd’hui (à une seule travée au lieu de deux), peut-être plat, peut-être pourvu d’une abside.
À propos du chevet :
En architecture, le terme chevet désigne la partie de l’église qui prolonge la nef au-delà du transept, qu’on se place à l’intérieur ou à l’extérieur de l’église. Le mot chœur est réservé à l’endroit où se tenait la liturgie, avec autel, stalles, ambon, etc. : on parle de chœur liturgique. Dans beaucoup de petites églises, le chœur et le chevet se trouvent au même endroit, d’où une confusion courante. Mais le chœur peut tout à fait se trouver ailleurs que dans le chevet, à la croisée du transept ou dans la dernière travée de la nef. Ici à Floirac, à proprement parler, le chœur ne se trouve pas dans le chevet, mais au niveau du transept.
Revenons à notre église romane. Ce qui est particulièrement intéressant ici, c’est le clocher car il s’élève au-dessus d’une coupole sur trompes. Les voûtes en berceau ne sont en effet pas la seule technique de couverture ; il existe également des églises couvertes avec des coupoles, comme l’abbaye aux Dames de Saintes, dont la nef est surmontée d’une file de coupoles. Mais dans cette église, les coupoles sont sur pendentifs, c’est-à-dire que, dans les angles, la voûte vient descendre en mourant sur les piliers.
Ce n’est pas le cas dans notre église de Floirac : ici, pour passer de la demi-sphère au carré, on a utilisé des constructions en forme de coquilles ou de prismes arrondis, appelées trompes. C’est un motif suffisamment original dans la région pour être noté.
Du XIIe siècle, il nous reste aussi les croix de consécration. À l’origine, chaque église en comptait douze, comme les douze apôtres. Elles étaient généralement peintes ou sculptées sur les piliers, puisque les apôtres sont les piliers de l’Église. À défaut de piliers, on les plaçait sur le mur, ce qui permettait de conserver cette fonction symbolique des apôtres sur lesquels on bâtit l’Église.
Au moment de la cérémonie de consécration de l’église, ces croix étaient ointes avec le Saint-Chrême. Par la suite, elles étaient repeintes à chaque anniversaire de la dédicace du lieu.
Puis le temps a passé et le rite et son sens se sont perdus. Aujourd’hui, il n’est pas si commun d’en retrouver sous les couches de badigeons appliquées au fil des siècles.
À cette époque, aux XIIe-XIIIe siècles, Floirac dépend du prieuré de Mortagne, qui comme cette église est voué à saint Etienne. Le prieuré de Mortagne est assez puisqu’il gère neuf paroisses des alentours : Floirac, mais aussi Brie, Champagnolles, St-Seurin, Cozes, Gémozac… Le prieur de Mortagne propose à l’évêque son candidat pour la cure de Floirac et il en perçoit les revenus, entre autres la dîme.
Cette dépendance cesse vers le XVe siècle, mais le souvenir en a perduré longtemps : encore au XVIIIe siècle, il arrive que le curé de Floirac signe les registres d’état-civil « curé de Floirac sous Mortagne ».
3. Modifications au XVe siècle
Ensuite, que s’est-il passé ? Nous l’ignorons. Est-ce la Guerre de Cent Ans qui est passée par là ? Notre région, aux confins de l’Aquitaine anglaise et des terres du roi de France, a été âprement disputée entre Français et Anglais. L’église a-t-elle pâti d’un incendie accidentel comme cela arrivait souvent ? Avait-elle simplement besoin d’un coup de neuf ?
Toujours est-il qu’au XVe siècle, l’église de Floirac subit d’importants remaniements. La voûte de la nef est reprise et l’ancien chevet roman fait place à ce chevet-ci, dans le style gothique cette fois. Il faut dire que, depuis le XIIe siècle, les techniques de construction se sont perfectionnées. Les bâtisseurs savent désormais envoyer le poids des voûtes non plus vers les murs, comme c’était le cas avec la voûte en berceau, mais vers les piliers. Ce qui permet cela, c’est la technique de la voûte sur croisée d’ogives : toute la force repose sur les ogives, c’est-à-dire les nervures, qui descendent jusqu’aux piliers. Il y a fort à parier que c’est ce type de couverture qui est utilisé pour voûter la nef lors du remaniement du XVe siècle. C’est en tout cas ce qu’indiquent les faisceaux de piliers qu’on peut encore y observer.
Grâce à la technique de la voûte d’ogive, les murs n’ont plus besoin d’être aussi épais qu’avant. On peut même les percer de grandes baies qu’on orne de vitraux et de sculptures décoratives, le remplage. Le remplage de la grande baie du chevet de cette église a été refait au XIXe siècle, mais on peut supposer que le remplage d’origine lui ressemblait.
4. Les Guerres de Religions
Après cela, notre petite église n’en a pourtant pas fini avec les ennuis car une nouvelle période troublée se profile : celle des Guerres de Religions.
Pour comprendre le contexte, revenons à la Guerre de Cent Ans et à toutes les horreurs qui l’ont accompagnée : la peste, les famines, les massacres par les bandes d’écorcheurs désœuvrés, etc. Comme la plupart des régions françaises, la Saintonge en a souffert. Il n’y a aucune raison pour que Floirac ait été épargné.
Après avoir vécu toutes ces atrocités, les gens ont sont arrivés à s’interroger sur le sens de la vie et de la condition humaine : pourquoi vivre puisqu’on va inévitablement souffrir et finir bientôt par mourir ? C’est l’époque où les représentations de danses macabres fleurissent sur les murs des églises.
Les décennies qui suivent la Guerre de Cent Ans sont aussi une époque de grandes découvertes : on s’intéresse aux sciences, aux nouvelles techniques, dont l’imprimerie qui rend les textes accessibles à tous. Et le premier de ces textes imprimés, c’est la Bible. À partir du XVe siècle, de plus en plus de croyants lisent eux-mêmes ; beaucoup aspirent à une vie spirituelle plus proche des textes, plus empreinte de sens. Parallèlement, ils observent leur clergé, dont le comportement est loin d’être exemplaire, et trouvent de plus en plus qu’une petite réforme serait nécessaire. Il est à noter que cette aspiration à la réforme est générale, et pas seulement le fait de groupuscules d’agitateurs. Mais dès le début du XVIe siècle, les extrémistes de tous bords s’emparent de ce qui n’était au départ qu’un débat d’idées et l’aspiration à la réforme tourne à la guerre civile entre d’une part les catholiques, ou papistes car ils défendent la doctrine papale, et les huguenots, qu’on appellent aussi protestants puisqu’ils protestent contre un certain nombre de pratiques.
Les protestants sont nombreux dans notre région. Le voisinage des deux partis engendre des frictions permanentes ; le secteur connaît des troubles importants. Plusieurs souterrains ont d’ailleurs été repérés aux alentours de Floirac comme en de nombreux endroits de Saintonge : ils ont probablement servi de refuges pour les paysans, catholiques ou huguenots, qui à moment donné se sont trouvés menacés par des tenants de l’autre parti.
Un peu partout, des églises subissent des dégâts. L’église de Brie est brûlée en 1577. Quelque temps après, c’est celle de Saint-Fort qui est mise à sac. En 1580, le siège de Mortagne, occupée par les huguenots, entraîne la ruine de l’église. Au début du XVIIe siècle, les troupes de Louis XIII, qui assiègent le bourg, bombardent le clocher de Meschers.
Ici, à Floirac, on peut penser que c’est un incendie qui, en cette fin de XVIe siècle, détruit la voûte romane. Le curé et les habitants du village font remonter la charpente, mais ils renoncent à reconstruire la voûte. L’argent manque et d’autres travaux sont prioritaires : les champs doivent être remis en culture et les maisons rebâties. On se contente donc de niveler les gravas tombés dans la nef et le culte reprend dans l’église de Floirac.
De cette période troublée, il nous reste la hausse du niveau du sol de l’église, sur les gravas aplanis. Lors de la restauration du bâtiment en 2001-2002, on a retrouvé le niveau ancien, antérieur au XVe siècle, qui se trouve environ un mètre en-dessous de l’actuel. Il est visible au pied d’un des piliers de la nef.
5. La reprise catholique
Face à l’expansion de la dissidence protestante, les autorités catholiques décident de réagir. De 1545 à 1563, un concile général est réuni à Trente, en Italie, pour d’une part décider de la réponse à apporter aux théories protestantes en ce qui concerne le dogme, et d’autre part effectuer les réformes nécessaires au sein du clergé catholique. Une des principales oeuvres de ce concile a été la révision de la liturgie, qu’on va appeler tridentine, du nom du lieu de la réunion, Tridentium en latin. Selon cette nouvelle liturgie, la messe doit désormais être dite dos au peuple et en latin. Ce mode liturgique sera conservé jusqu’au concile Vatican II (1962-1965).
De cette époque de Contre-Réforme catholique, il nous reste l’autel, installé dans cette église au XVIIIe siècle. À l’origine, il se trouvait contre le mur du chevet. On y accédait par la volée de trois marches qui existe toujours, symbole de la Trinité. Le galbe qu’on observe est typique du mobilier du XVIIIe siècle, en particulier des autels.
Autre conséquence de la réforme tridentine, la reprise en main du clergé catholique. Des séminaires sont créés dans chaque diocèse pour que, tout simplement, les curés sachent lire ! La réforme était nécessaire, on partait de loin. Il s’agit également de leur enseigner leur latin, afin qu’ils soient capables de dire la messe selon la nouvelle liturgie.
À cette même époque, de nouveaux ordres religieux éclosent dans tout l’Occident : Jésuites, Oratoriens, Sulpiciens ouvrent des écoles et des séminaires ou partent en missions dans les paroisses pour proposer au clergé déjà en place une sorte de formation continue.
Les évêques reçoivent aussi l’obligation de parcourir régulièrement les paroisses de leur diocèse : c’est le début des visites pastorales.
C’est probablement dans ce contexte que Floirac devient un prieuré dépendant du chapitre cathédral de Luçon. Rappelons que le chapitre est l’ensemble des prêtres, les chanoines, qui vivent et officient autour de l’évêque. La dépendance de Floirac vis-à-vis de Luçon n’est pas clairement expliquée, d’autant plus que les deux lieux sont assez éloignés. On peut cependant supposer que Luçon, à proximité de l’Aunis fortement protestante, était un diocèse à la pointe de la Contre-Réforme. Par cette mainmise sur un réseau de prieurés, il s’agissait sans doute de reprendre en main toute une région soupçonnée de sympathie huguenote. À partir de ce moment-là, la paroisse de Floirac est donc desservie par un prieur. Sur les registres d’état-civil, il signe d’ailleurs « curé prieur de Floirac ». Il est assisté de chanoines également appelés « chapelains ». Leur prieuré est constitué de l’église, du cimetière et presbytère aujourd’hui disparu qui se trouvait au nord du cimetière, le long de la route qui part vers Rabaine. Ces chanoines vont rester à Floirac jusqu’à la Révolution.
6. Les restaurations du XIXe siècle
Après la Révolution, c’est maintenant le conseil municipal qui est chargé de l’entretien de l’église. Et au milieu du XIXe siècle, il constate qu’elle tombe en ruines : les contreforts sont en très mauvais état et les murs de la nef menacent de s’écrouler.
Pour y remédier, une première campagne de restauration est menée de 1843 à 1850 par Victor Fontorbe, architecte à Saintes : dix des onze contreforts sont repris, ainsi que la partie haute des murs. On en profite aussi pour enlever toute la terre qui, au fil des siècles, avait glissé du cimetière en pente jusqu’au mur nord de l’église. Ensuite, dans les années 1880, le conseil municipal confie à un autre architecte saintais, Eustase Rullier, l’ajout d’une sacristie et, dix ans plus tard, la reconstruction de la voûte de la nef dans le style néo-gothique de l’époque.
7. Histoire des Floiracais : pratiques funéraires
Après cet aperçu de l’histoire de l’église de Floirac, il est temps de nous intéresser à l’histoire et à la vie des hommes et des femmes qui ont vécu autour d’elle, une histoire inscrite dans les murs-mêmes de cette église.
L’église de Floirac étant encore entourée de son cimetière, ce qui est assez rare depuis que les lieux d’inhumation ont été rejetés à l’extérieur des bourgs, il est donc naturel de nous pencher sur l’évolution des pratiques funéraires. Justement, au fond de la nef, deux sarcophages ont été déposés (un troisième se trouve à l’extérieur, contre le mur sud). Ils datent sans doute du Moyen-Âge, peut-être du Xe siècle, ce qui en ferait de beaux témoins de l’ancienneté de ce lieu saint. Mais pourquoi se trouvent-ils dans l’église et non pas dans le cimetière ?
Pour répondre à cette question, il nous faut revenir au temps des premières constructions d’églises. À cette époque, on établit les lieux de culte autour du tombeau d’un martyr, puis, une fois que les persécutions ont pris fin, autour du tombeau d’un saint dont le rayonnement avait été important. Ces lieux attiraient non seulement le culte mais aussi les sépultures des autres chrétiens qui espéraient, par cette proximité, que la sainteté du personnage rejaillirait sur eux. Cette pratique est appelée « inhumation ad sanctum », c’est-à-dire au plus près du saint.
Mais toutes les communautés locales ne disposant pas de tombeau de saint, on a pris l’habitude de prélever des reliques sur des saints connus pour les placer dans la pierre d’autel de l’église nouvellement construite. Et de la même manière, ces reliques ont attiré les sépultures autour d’elles : des fidèles ont choisi d’être inhumés sous l’autel, puis une fois la place occupée, sous les marches qui y mènent, et ensuite ailleurs dans l’église.
Avec le temps, cette pratique a engendré un véritable envahissement des lieux saints par les sépultures qui a connu son apogée au XVIIe siècle. Le concile de Trente, encore lui, y met un terme en réservant l’inhumation dans les églises aux seuls clercs. À Floirac, on trouve un témoignage de cette restriction dans les registres d’état-civil. Sur l’acte de sépulture du frère Anthoine, chapelain à Floirac mort en 1664, on lit en effet « enterré dans l’église », alors que pour tous les autres défunts, il est généralement noté « enterré dans le cimetière de cette église ».
Puisque l’intérieur de l’église leur est maintenant interdit, les laïcs choisissent de privilégier, pour leur sépulture, le pied du mur. Ainsi, leur tombe recevra l’eau de pluie, bénite par le contact du lieu saint, qui coulera du toit de l’église. Cette croyance, ou cette habitude, perdurera jusqu’au XIXe siècle.
À l’extérieur de l'église
1. Ancien cimetière : pratiques funéraires
Au nord de l’église, on peut voir ce qui reste de l’ancien cimetière qui, jusqu’à la seconde moitié du XIXe siècle, entourait totalement le bâtiment. Jusqu’au déblaiement de 1843, la terre du cimetière venait toucher le mur de l’église jusqu’à une hauteur d’1,50 mètre environ. Est-ce un brusque glissement de terrain qui a apporté la terre jusqu’à cette hauteur ? Ce comblement s’est-il opéré progressivement du fait de la pente importante dans cette partie du cimetière ? Ces questions restent en suspens.
Ce cimetière conserve le souvenir des habitants de Floirac depuis le XVIIe siècle. Les tombeaux les plus anciens sont les grosses pierres vaguement sculptées en forme de croix qu’on observe en plusieurs emplacements. Il a été dit que ces tombes appartiendraient aux moines du prieuré. Mais, outre le fait que ceux-ci étaient probablement inhumés à l’intérieur de l’église, il se trouve que la seule pierre tombale inscrite de cette série, qui porte la date de 1682, recouvre le tombeau de Pierre Chevallier, un marchand drapier de la paroisse.
Parmi les autres tombeaux, beaucoup sont des stèles de la seconde moitié du XIXe siècle. On remarque également de curieuses « tombes-bancs », datées d’une période s’étalant grossièrement de 1750 à 1870. Il s’agit de pierres en forme de sarcophages posées sur deux pieds. La tombe proprement dite se trouve en-dessous, dans la terre. Il est possible de voir de telles pierres tombales dans plusieurs cimetières du secteur, parfois posées à même le sol quand les pieds ont disparu.
Ce qui est particulièrement intéressant, c’est que ce type de tombeau appartient souvent, en tout cas pour le XIXe siècle, à des protestants. Cela pourrait même constituer un indice pour déterminer la confession d’un défunt. Dans le cas de tombes protestantes, on observe l’absence de croix sculptée sur la pierre. De plus, elles étaient généralement regroupées dans un « carré protestant » auquel on accédait par une porte dédiée. Avant le XIXe siècle, les protestants n’étaient sûrement pas inhumés à proximité d’une église catholique. On leur connaît d’ailleurs des cimetières privés. Mais une fois que les cimetières sont devenus communaux, les différentes confessions ont pu sans trop de difficultés partager les mêmes lieux d’inhumation.
Ici, à Floirac, on remarque bien quelques tombes-bancs sans croix, mais la majorité en porte. Et les pierres tombales avec croix et sans croix sont entremêlées : il est donc difficile de parler de « carré protestant ». On observer cependant une pierre tombale ornée d’un livre ouvert, ce qui pourrait être un indice de protestantisme quand on connaît le fort attachement des protestants à la Bible.
D’autre part, existait-il deux entrées dans ce cimetière ? Tout ce qu’on sait, c’est qu’il était arboré : peut-être une haie isolait-elle une zone protestante ? Il est difficile de répondre à ces questions, d’autant plus qu’on ne voit aujourd’hui qu’une petite partie de l’ancien cimetière.
2. Mur nord : pratiques funéraires
Rapprochons-nous du mur nord de l’église, dégagé de la terre au moment de la restauration de 1843. Il est percé d’un enfeu, c’est-à-dire une alcôve funéraire dans laquelle on déposait un sarcophage. Cet enfeu-ci a été creusé dans l’extérieur du mur, mais on en trouve aussi à l’intérieur des églises, ou sous des porches d’entrée comme à l’Hôpital des pèlerins de Pons.
Des témoignages rapportent qu’un sarcophage, brisé depuis longtemps, se trouvait bien dans cet enfeu. On y aurait trouvé une boucle de ceinture. Il est constitué d’un arc en plein cintre, à première vue roman. Il est cependant surmonté d’un motif curieux, une croix inscrite dans un faux cuir sculpté, qui est typique de la Renaissance maniériste. Le défunt qui reposait ici est sans doute mort au XVIe siècle ou au début du XVIIe.
Ce défunt, qui était-il ? Un notable, à n’en pas douter. Seuls les seigneurs avaient les moyens de se faire aménager sa sépulture dans le mur de l’église du village. À proximité, aux XVIe-XVIIe siècles, un domaine est attesté à Tasserand, sur un coteau à quelques 500 mètres de l’église en direction de Mortagne, et un autre à la Métairie de Haut, près de Féole. Peut-être est-ce le seigneur d’un de ses domaines qui reposait là ou son épouse. On peut être surpris de trouver dans ce vieux cimetière surtout des tombes du XIXe siècle, en tout cas aucune tombe de plus de 350 ans, donc pas si vieilles que cela, surtout quand on sait que l’église, elle, a 600 ou 700 ans.
La réponse tient peut-être dans le linteau qu’on remarque à même le sol au pied du mur nord de l’église, à gauche de l’enfeu. Il est sculpté de faux claveaux. Les claveaux sont les pierres qui forment l’arc ; ici, ils ne sont pas assemblés mais simplement gravés. Ce type de linteau pourrait dater du XIe siècle, il en existerait un similaire à l’église de Saint-Dizant-du-Gua.
Ce linteau surmontait une baie qui s’ouvrait plus bas dans le mur. Elle appartenait peut-être à un édifice antérieur à l’église actuelle, elle ouvrait probablement sur une crypte ossuaire comme il en existait sous la plupart des églises : on en connaît une à Épargnes, aujourd’hui inaccessible, mais on peut encore descendre dans celles de Grézac et de Médis.
Autrefois comme aujourd’hui, les édiles devaient faire face au problème de l’encombrement du cimetière. Quand le cimetière était trop plein, on ouvrait les plus vieilles tombes et on regroupait les réductions, c’est-à-dire le petit paquet d’os récupérés, dans des ossuaires. Puis l’emplacement était réutilisé. Parfois aussi la pierre tombale : dans le vieux cimetière de Talmont, on trouve des sépultures du début du XXe siècle sous des pierres tombales qui ont clairement un ou deux siècles de plus. Cette crypte ossuaire se présentait sous la forme d’une fosse entourée sur trois ou quatre côtés d’une coursive qui permettait la circulation. Elle pouvait être ornée de décorations réalisées avec les matériaux du lieu, crânes, tibias et fémurs.
Qu’ici à Floirac, il se trouve encore des tombes du XVIIe siècle mêlées à celles du XIXe montre que la population de la commune, déjà à cette époque, n’était pas très importante : il n’a pas été nécessaire de vider les plus anciennes tombes pour inhumer les derniers défunts.
3. Mur nord et chevet : construction
Revenons au XIIe siècle, à l’époque où cette église est édifiée à la place du lieu de culte primitif. La population de Floiracum est alors importante. Depuis plusieurs décennies, les récoltes sont plutôt bonnes et les grandes famines du XIe siècle, qui avaient donné lieu à d’épouvantables scènes d’anthropophagie, ne sont plus qu’un mauvais souvenir. Il faut dire que le climat s’est bien réchauffé : il gèle moins souvent l’hiver et les étés sont plus longs et plus secs. Mieux nourris, les habitants de la paroisse sont moins sensibles aux maladies. D’ailleurs, cela fait déjà du temps qu’on n’a pas eu à subir de d’épidémie importante. De ce fait, la population augmente régulièrement. Elle connaît une telle croissance qu’il a fallu défricher une partie de la forêt de la Lande, la grande forêt qui occupe le nord de la paroisse.
La majorité des Floiracais sont cultivateurs. Certains sont de simples serfs dépendant des domaines de Féole ou de Tasserand, mais d’autres, quelques rares privilégiés, sont des laboureurs : ils possèdent leur charrue et leur attelage personnels. Dans la paroisse, on trouve aussi des forgerons, des maçons, des charpentiers, tous les métiers indispensables à la bonne marche économique d’une communauté rurale, ainsi que des marchands et des marins qui travaillent dans les ports tout proches de Mortagne et de Saint-Fort.
Au moment où commence la construction de l’église, tous les hommes habiles de leurs mains sont embauchés sur le chantier. Au cours des premiers mois, beaucoup participent à l’extraction de la pierre. Celle-ci provient des carrières de Touvent et de St-Fort. Ce calcaire local, dont le transport ne coûter pas cher, est de qualité médiocre : tendre, il s’érode facilement sous l’effet du vent salé et de la pluie. De plus, il est peu apprécié des tailleurs de pierre car il contient des yeux de silex qui font dévier le ciseau et abîment les outils.
Puis vient l’étape de la taille de la pierre. Les maçons étant payés au nombre de blocs taillés, ils ont l’habitude de marquer leurs pierres d’un signe qui leur est propre. Puis, le soir, le contremaître compte chacun des signes et distribue le salaire en conséquence. Ici, on peut observer quelques petites croix, qui étaient peut-être le signe d’un nommé Jehan ou Guillaume, tandis que Pierre utilisait un Z allongé et Gautier une petite fourche. Ces signes, qu’on appelle marques de tacherons, sont peu nombreux ici, mais les curieux pourront en découvrir de très nombreux sur les murs de l’église d’Arces. Si ces marques d’ouvriers peu nombreuses, on trouve en revanche sur les murs de cette église de Floirac un grand nombre de graffitis illustratifs, en particulier de nombreux bateaux. Plusieurs ont été gravés sur la partie est du mur nord, beaucoup sur le chevet plat et d’autres sont visibles sur le mur sud.
Le bateau est un motif assez commun sur les murs des bâtiments proches du littoral ou d’un fleuve : on peut en voir à Saintes, à Saint-Savinien, à Tonnay-Charente, ou encore, plus près d’ici, sur un des contreforts de l’église de Boutenac. Ils sont généralement d’une période s’étalant du XVe au XIXe siècle. Leur signification est incertaine. Sur une église, ils prennent sans doute valeur d’ex-voto. Ils rappellent alors les risques de la profession, mais aussi l’attachement des marins floiracais aux navires sur lesquels ils travaillaient.
Sur le mur du chevet, une nouvelle baie, beaucoup plus évidente que celle du mur nord, s’ouvre au ras du sol. Il s’agit probablement d’un autre accès à la crypte ossuaire.
Au-dessus, nous pouvons admirer l’élégance de la grande baie gothique et la finesse des angelots sur les culots sculptés. Celui de droite, les mains jointes, est en prière tandis que celui de gauche joue d’un instrument à cordes, viole ou rebec. Ont-ils été sculptés par un artisan de la paroisse ? Ils ressemblent beaucoup aux angelots du portail de St-Pierre de Saintes : sont-ils l’oeuvre d’un même sculpteur, d’un même atelier ? On sait que, pour ce qui est des grandes cathédrales, les mêmes artisans circulaient de chantier en chantier pour pratiquer leur art. Il en était sans doute de même sur les plus petits chantiers, à une plus petite échelle. Mais peut-être ces sculptures témoignent-elles d’un style local ou d’un courant artistique spécifique à une époque.
Un troisième angelot se trouvait en-dessous de la fenêtre est du mur sud, mais il a disparu depuis longtemps, ne laissant comme souvenir qu’une pierre cassée.
4. Mur sud et façade : construction et remaniements
La sacristie a été construite dans les années 1880 par Eustase Rullier. Son style est typique de la fin du XIXe siècle avec ses tuiles mécaniques plates et son mur pignon dépassant du toit. Elle ressemble beaucoup aux écoles publiques et aux gares qui fleurissent un peu partout dans ces mêmes années.
Conte ce mur sud s’élève le seul tombeau conservé de la partie sud du cimetière. Il s’agit d’une stèle richement sculptée de feuillages, de rinceaux, de draperies et surmontée de frontons triangulaires encadrés par des antéfixes. Ce style inspiré de l’antique (frontons et antéfixes sont des motifs caractéristiques des monuments antiques), un peu pompeux, est sans doute à rapprocher du statut de notable du défunt, François Théodore Eugène Audouin, un négociant de la commune mort en 1873. Il a choisi d’être inhumé contre le mur de l’église, c’est-à-dire en un lieu privilégié à une époque où il n’est plus question de se faire enterrer à l’intérieur. Nous avons là un bel exemple d’inhumation « ad sanctum » en plein XIXe siècle.
Sur un des contreforts, on remarque un graffiti original puisqu’il représente un cavalier sur son cheval. Là encore, la signification nous en est inconnue. Est-ce un simple dessin d’imagination ? Est-ce la représentation d’un seigneur local qui chevauchait régulièrement par ici ? Peut-être le souvenir d’une attaque du village par une troupe de cavalier ?
Écartons-nous un peu du mur afin d’avoir une vue d’ensemble de son architecture. Rien qu’à observer ce mur sud, on comprend que cette église de Floirac a connu une histoire mouvementée. En effet, les traces de remaniements sont nombreuses. Les appareillages, c’est-à-dire la manière d’assembler les pierres, sont divers. On remarque différents types de pierres de taille et tout en haut, on distingue nettement les rangées de pierre ajoutées quand la nef a été surélevée (1898-1899).
Ce mur est soutenu par des contreforts massifs, la plupart repris en 1843-1850. Le seul contrefort roman qui n’a pas eu besoin de travaux est le plus plat, celui qui dépasse le moins du mur. Ces contreforts donnent une impression de solidité qui se poursuite au niveau du clocher, lui aussi massif malgré la finesse de son décor. On y observe de fines colonnettes-contreforts sur lesquelles reposent des arcs brisés, eux-mêmes ornés de cordons d’archivoltes sculptés de pointes de diamants. Ils sont couronnés de modillons sculptés représentant des têtes humaines ou d’animaux.
La façade est constituée d’un mur pignon percé d’un portail en plein cintre, très sobre. Elle est plus récente que la nef : elle a été reconstruite, au moins en partie, soit après la Guerre de Cent Ans, soit après les Guerres de Religions, en tout état de cause sans doute après l’épisode qui avait entraîné la chute de la voûte. Comme témoin de ce remaniement, on peut remarquer, sur une des colonnettes à gauche du portail, une pierre ornée d’un graffiti à l’envers : on voit parfaitement la coque au-dessus du mât ainsi que quelques personnages également à l’envers. Ces graffitis sont donc antérieurs aux dégâts causés à la façade et le bloc sur lequel ils se trouvaient a été réemployé lors de la reconstruction sans que l’ouvrier y prête attention.
Au-dessus de la corniche, l’appareillage, à nouveau, est peu homogène et rappelle les différents remaniements que cette partie de l’église a subis au cours des siècles.
Enfin, au-dessus de la petite fenêtre romane, une tête observe les passants. Certains affirment qu’elle représente saint Etienne, le patron de cette église. D’autres pensent que c’est la tête d’un moine, souvenir des religieux du prieuré. On peut aussi imaginer que cette tête est celle de Florus, le propriétaire gallo-romain qui vivait ici même il y a près de 2000 ans et dont la mémoire se perpétue dans le nom de la commune.