Paroisse Notre Dame de l'Estuaire
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Paroisse Notre Dame de l'Estuaire
Prendre le temps de lire et de méditer la Parole de Dieu
22/12/2022
David, de son union avec la femme d’Ourias, engendra Salomon, Salomon de son union avec Naama l’Ammonite, engendra Roboam, Roboam de son union avec Maaka, la fille d’Absalon, engendra Abia, Abia de l’une de ces quatorze épouses, engendra Asa, Asa de son union avec Azuba, fille de Shilhi, engendra Josaphat, Josaphat engendra Joram, Joram de son union avec Athalie, fille d’Achab, engendra Ozias, Ozias de son union avec Tsibya de Beersheba, engendra Joatham, Joatham de son union avec Jerusha, fille de Sadoq, engendra Acaz, Acaz de son union avec Abiyya, engendra Ézékias, Ézékias de son union avec Hephzibah, engendra Manassé, Manassé de son union avec Meshullemeth, engendra Amone, Amone engendra Josias, Josias de son union avec Zébida de Rama, engendra Jékonias et ses frères à l’époque de l’exil à Babylone. Après l’exil à Babylone, Jékonias de son union avec Nehoushta, engendra Salathiel, Salathiel engendra Zorobabel, Zorobabel engendra Abioud, Abioud engendra Éliakim, Éliakim engendra Azor, Azor engendra Sadok, Sadok engendra Akim, Akim engendra Élioud, Élioud engendra Éléazar, Éléazar engendra Mattane, Mattane engendra Jacob, Jacob engendra Joseph, l’époux de Marie, de laquelle fut engendré Jésus, que l’on appelle Christ. »
Ainsi avons-nous cheminé tout au long de cet Avent 2022 avec l’attente parfois anxieuse, parfois heureuse des femmes de la Première Alliance mais jamais déçue jusqu’à ce jour où nous est donné l’Enfant de la Promesse. L’Enfant en qui Dieu lui-même se donne. Cet Enfant que nous allons célébrer, prier, fêter ce soir et demain en ce jour de Noël. Un Enfant qui nous redit que rien n’est perdu, détruit des promesses que l’Eternel, Béni soit son Nom, avait faites à nos pères, que rien n’est perdu de la puissance de vie et de joie que Dieu nous a promise ainsi qu’à nos proches. Emmanuel, « Dieu avec nous » comme autrefois avec les hommes et les femmes de la Première Alliance. Dieu avec nous au cœur de la nuit en un enfant, fragile et vulnérable, pour nous conduire jusqu’à la Lumière. Humble et divine espérance.
Belle fête de Noël à chacun d’entre vous, à vos familles, à tous ceux que vous aimez. Belle fête de Noël à notre monde et paix sur la terre à tous les hommes.
P. Pascal-Grégoire
21/12/2022
Elie, le prophète farouche et sans concession surgi naguère aux temps fastueux de la Royauté d’Israël. Pas de femme auprès de cet athlète du désert ou alors c’est la rivale impitoyable, la païenne Jézabel de Tyr, l’épouse du roi Achab, dont Élie prophétise la chute et le châtiment divin : « Les chiens dévoreront Jézabel sous les murs de la ville de Yizréel ! « (1 R 21, 9). Donc pas de femmes porteuses de l’espérance de Dieu dans la geste d’Élie ?
Ce serait oublier cette autre femme, admirable, une païenne pourtant que l’Éternel lui-même désigne à Élie alors que s’étend la sécheresse qui transforme en désert la Terre de la Promesse : « Lève-toi, va à Sarepta, dans le pays de Sidon ; tu y habiteras ; il y a là une veuve que j’ai chargée de te nourrir » (1 R 17, 9). Dieu s’est donc trouvé une auxiliatrice en cette femme de Sidon (la patrie de Jézabel !) pour sauver son prophète, et, par son entremise, garder sauf l’avenir de son peuple. Nous connaissons tous la générosité sans mesure de cette veuve, prête à partager le très peu qu’elle a avec son fils unique et cet étranger. Une bonté d’âme qui contraste singulièrement avec l’attitude déterminée et sans concession d’Élie qui a provoqué la sécheresse dans sa croisade contre les tièdes d’Israël. Un nouveau miracle d’Élie permet de faire face à la disette. Mais l’enfant de la veuve meurt. Et la femme de dire au prophète bien en face ce qu’elle pense de lui et de sa religion des parfaits. Et Dieu la soutient ! Trop de miracles tuent le miracle. La veuve de Sarepta explique à Élie que s’il est bien un « homme de Dieu » comme le signifient les prodiges qu’il accomplit, elle, une simple femme, l’a payé de la mort de son fils. Élie va implorer l’Éternel de rendre la vie à l’enfant (1 R 17-22) et Dieu ressuscite l’enfant. Car enfin, Élie s’est laissé fléchir en osant croire à la Miséricorde Divine. Dès lors, Dieu peut faire cesser la sécheresse que son prophète avait provoquée : « Va, présente-toi devant Achab et Je rendrai la pluie à cette contrée » (1 R 18, 1). Une femme, une païenne, une étrangère, une sans-nom et sans-grade mais que Dieu a su voir et qu’il a associée à son œuvre de salut.
Les sages d’Israël nous disent que le fils de la veuve se nommait Jonas. Notre Jonas, celui de la baleine, le prophète réticent de Ninive, le fils spirituel d’Élie par son intransigeance, mais témoin de la miséricorde infinie de l’Éternel par sa mère. Plus tard, bien plus tard, des scribes et des gens très religieux s’adresseront au Fils de la Promesse pour le mettre à l’épreuve : « Maître, nous désirons que tu nous fasses voir un signe » (Mt 12, 38) mais lui ne les renverra qu’au signe de Jonas : seul l’accueil et la foi en la Miséricorde divine nous conduiront par-delà la nuit de la mort et de la peur. Et une femme au temps d’Élie, une pauvre selon le cœur de Dieu, en fit l’expérience, elle qui entendit la première : « Ton fils est Ressuscité ! »
P. Pascal-Grégoire
20/12/2022
Elle avait accompagné son mari Elcana au Sanctuaire de Chilo et y avait prié et fait le vœu, si sa demande était exaucée, de « donner à Dieu pour tous les jours de sa vie » (1 Sa 1, 11) l’enfant qu’elle mettrait au monde. Ainsi, lorsqu’il fut sevré, elle amena son fils - qui deviendra le prophète Samuel -, au prêtre Eli. La liturgie nous invite ce matin à la rejoindre au début de sa prière d’action de grâce. Il nous faudrait avoir la curiosité de poursuivre la lecture de sa prière qui se continue au chapitre suivant sur dix versets qui font que les rabbis d’Israël voient en Anne l’annonciatrice du Messie de Yahvé.
Ainsi au début de cette prière, Anne s’exclame « Mon cœur se délecte en Dieu, ma corne (kéren que l’on traduit encore par « force ») s’élève par Dieu » (1 S 2, 1). Le commentaire des Pères d’Israël fait remarquer que le verset, « Anne a dit : ma corne, et non mon vase », est une allusion prophétique au fait que les rois qui seront oints au moyen d’une corne d’huile - tels David et Salomon auront une dynastie durable, alors que ceux, comme Saül et Jéhu, qui seront oints avec un vase, récipient d’argile, récipient fragile, ne donneront pas naissance à une dynastie. Ainsi prophétise Anne la mère de Samuel le prophète qui conféra l’onction messianique aux rois Saül et David (1 S 16, 10). D’ailleurs, selon le Targoum Yonathan (contemporain de l’Incarnation), toute la prière d’Anne décrit l’histoire à venir du peuple élu. Ainsi le verset 1, « ma corne s’élève en Dieu » renvoie aux victoires sur les Philistins au temps de son fils Samuel, le verset 2 ; « Nul n’est saint comme Dieu » au roi assyrien Sénachérib. Au verset 4, « l’arc des forts est brisé » fait allusion à la défaite d’Antiochus Épiphane par les Hasmonéens et au verset 10 se profilent les guerres de Gog et Magog qui précéderont l’avènement du Messie promis par l’Eternel : « ses agresseurs sont foudroyés... Dieu juge les confins de la terre, Il donnera la puissance à Son roi et élèvera la corne de Son oint »...
La prière d’action de grâces d’Anne, portée par son désir de maternité, est apparue aux sages d’Israël comme le modèle même de la prière animée, emportée par le souffle divin. Ce n’est pas pour rien que le Magnificat entonné par Marie rappelle le cantique d’Anne la prophétesse : ce cantique est considéré comme la prière inspirée par excellence. Ainsi s’en souviendra bien plus tard un fleuron de la mystique juive, le Zohar : « Deux femmes ont dit des louanges de Dieu avec des paroles qu’aucun homme au monde n’a su dire, ce sont Deborah et Hannah (Anne). » Deux femmes en appellent une troisième qui fait route vers la cité de David, une autre femme qui saura, comme elles, saisir en sa prière et en son corps l’ampleur de l’initiative divine, son œuvre de salut pour le monde qui s’accomplit également dans l’exaucement de l’humble servante. « Nul n’est saint comme Dieu » : selon le Talmud, Anne est la première à le proclamer comme le septième et ultime nom de l’Eternel d’après la mystique juive. La jeune femme progresse jusqu’aux portes de Bethléem, elle qui porte le Nom qui est au-delà des Sept noms, le Nom par lequel tout homme sera sauvé, le Nom qui contient le mystère de toute chose, le Nom par lequel tout genou fléchit au ciel, sur terre et aux enfers… Marie, la fille et l’héritière d’Anne.
P. Pascal-Grégoire
19/12/2022
le nom qui est précisément donné au fiancé du Cantique des Cantiques. Cet extraordinaire chant d’amour, placé en tête des cinq livres sapientiaux (comme le livre de la Genèse au début du Pentateuque) célèbre la passion d’un couple, le bien-aimé et la bien-aimée, qui se rejoignent et se perdent, se cherchent et se retrouvent à nouveau… avec la même passion qui unit l’Eternel et notre humanité.
A cet instant du Livre que la liturgie nous donne de rejoindre, il semble bien qu’un nuage se soit glissé dans la relation des amoureux et la fiancée surnommée la « Sulamite » est retournée chez elle au Liban. Son nom signifie « Celle de Salomon » ou la « Pacifiée » mais la Sulamite évoque un autre visage féminin que nous avons croisé hier, la « Shumanite », Abishag, la Vierge Israël. Voilà donc la fiancée de retour chez elle, au milieu des nations païennes. Va-t-elle répondre à l’invitation du roi-messie de partager et son amour et son trône. Ecoutons la supplication du psaume 144 : « Écoute, ma fille, regarde et tends l’oreille ; oublie ton peuple et la maison de ton père : le roi sera séduit par ta beauté. Il est ton Seigneur : prosterne-toi devant lui. Alors, fille de Tyr, les plus riches du peuple, chargés de présents, quêteront ton sourire. Fille de roi, elle est là, dans sa gloire, vêtue d’étoffes d’or ; on la conduit, toute parée, vers le roi. Des jeunes filles, ses compagnes, lui font cortège ; on les conduit parmi les chants de fête : elles entrent au palais du roi. A la place de tes pères se lèveront tes fils ; sur toute la terre tu feras d'eux des princes. Je ferai vivre ton nom pour les âges des âges : que les peuples te rendent grâce, toujours, à jamais ! » (Ps 44, 11-18). Le Trois fois Saint d’Israël vient habiter l’histoire de son peuple par l’amour réciproque et bondissant de deux cœurs éternellement jeunes qui se recherchent et s’accordent.
Le printemps venu qui est la saison des amours, Salomon délaisse les palais de Jérusalem pour se rendre au-devant de celle que son cœur désire. Oser l’audace d’une visite en vue d’une réconciliation. L’aimé arrive, il l’appelle de loin. L’aimée reconnaît sa voix, elle sursaute, court à la fenêtre et le regarde approcher, mais comme une tourterelle effrayée, elle se cache, timidité ou plutôt vertige de l’amour. L’aimé arrive, court d’une fenêtre à l’autre de la demeure champêtre, recherche sa bien-aimée des yeux entre les lattes entrecroisées de la claire-voie. Se laissera-t-elle apercevoir ? Puis par deux fois, le fiancé l’appelle et l’invite à prendre la clé des champs. Elle hésite à répondre, va-t-elle se risquer à tout jouer de sa vie sur un coup de cœur ? Sa poitrine s’enfle d’aise et de joie… « Voici, je me tiens à la porte et je frappe : si quelqu’un entend ma voix et qu'il ouvre la porte, j’entrerai chez lui… » (Ap 3, 20). Qu’en est-il de mon désir profond de prendre la clé des champs avec Celui qui espère d’une manière absolue la communion jubilante de mon cœur ? Prenant à pleines mains nos pas de côté et nos trop rapides consentements, l’Eternel joue et jongle avec nos dérobades et nos profonds acquiescements : son alliance est offerte à jamais en cet enfant né de la lignée de Yedidya.
P. Pascal-Grégoire
18/12/2022
Cela ne veut pas dire qu’elles ne comptent pas aux yeux de leurs contemporains, et encore moins dans le dessein de l’Éternel. Une vierge est associée à la dynastie davidique. Elle semble n’être mentionnée qu’en passant, mais en un lieu déterminant, le début du Second Livre des Rois. Il s’agit d’Abishag, la dernière épouse du roi David. Or les « livres historiques » de la Bible débutent tous par la promesse qu’incarne un couple qui se forme : Rahab et Salmone au début du Livre de Josué, Aksa et Othniel pour le Livre des Juges, Anne et Elqana pour le Premier Livre de Samuel… sans oublier Eve et Adam au premier chapitre de la Genèse et le couple des parents de Moïse au début de l’Exode. Il ne faudrait donc pas passer trop vite et ignorer cette dernière épouse de David dont le texte répète de façon têtue que « le roi ne la connut pas »…
David a eu de nombreuses épouses, de Mika, la fille de l’ancien roi Saül, à Bethsabée qu’il a ravie à Urie son loyal officier, épouses qu’il a établies en son nouveau palais de Jérusalem et qui lui ont donné de nombreux fils. Le roi se fait vieux, le quartier des femmes bruisse de rumeurs sur la succession et l’heure est grave. C’est dans ce contexte que les serviteurs du roi interviennent auprès de David inquiet pour sa santé : « Que l’on cherche pour mon seigneur le roi une jeune fille, une vierge. Elle se tiendra devant le roi et prendra soin de lui. Elle se couchera tout contre toi, et cela tiendra chaud à mon seigneur le roi » (1 R 1, 2). Mais qu’on ne s’y trompe pas : il ne s’agit pas de trouver une « papy-sitter » à David, voire même une plaisante bouillotte. Une accorte esclave aurait fait l’affaire et le Livre de l’Alliance n’aurait pas cherché à en garder la mémoire. Non, l’affaire est de première importance : « On chercha une belle jeune fille dans tout le territoire d’Israël. On trouva Abishag la Shunamite, et on la fit venir chez le roi. La jeune fille était vraiment très belle ; elle prit soin du roi et fut à son service, mais le roi ne s’unit pas à elle » (1 R 1, 3-4). Dans la plaine d’Izréel, la ville de Shuman est l’une des plus anciennes cités du Royaume, mentionnée déjà plusieurs siècles auparavant dans les annales du Pharaon Akhenaton. Recevant en alliance Abishag, c’est la Terre Promise par l’Eternel que David épouse, ou plus exactement que sa descendance reçoit en partage. Un des fils de David, Adonias, l’a bien compris qui, à la mort de son père, veut s’unir à la jeune veuve. Il en mourra pour avoir voulu ravir ce qui ne peut appartenir qu’à l’élu de Yahvé (1 R 2, 12-25).
Abishag est la Vierge Israël chantée par les psaumes. Elle représente le peuple d’Israël qui parlait naguère à David comme une épouse parle à son époux, « nous sommes de tes os et de ta chair » (2 S 5, 1). Pour la trouver, les émissaires du roi ont parcouru l’ensemble du territoire d’Israël dont elle est la plus belle figure, la plus belle des vierges du Peuple choisi. Et en même temps, Abishag est cette jeune femme bien réelle, placée au cœur des intrigues du palais. Là au cœur des tensions et des violences de l’histoire, elle veille sur le Messie du Seigneur et sa maison comme dans l’attente d’une autre jeune femme, qui, comme elle, « n’a pas connu d’homme » et qui sera fiancée à un homme de la maison de David (Lc 1, 27). Une vierge de Nazareth, une ville de Galilée sise de l’autre côté de la vallée d’Izréel, faisant face à la vieille cité de Shunam comme les deux kérubins de part et d’autre de l’arche de l’Alliance.
P. Pascal-Grégoire
17/12/2022
Le plan de Dieu est sans arrêt contesté, attaqué par les Nations. Dieu se décide à envoyer un sauveur pour son peuple menacé par ses ennemis les plus coriaces, ces Philistins, descendants des Peuples de Mer, qui s’étaient installés sur la plaine côtière d’Israël, un sauveur sur qui reposera l’Esprit du Seigneur. Mais lorsque l’Eternel se décide à intervenir dans nos histoires, il s’interdit toujours d’agir seul, en Maître absolu de nos destinées, ce qu’il serait en droit de faire. Par respect de sa création, il sollicite toujours l’aide et le consentement de sa créature.
Ainsi l’épouse de Manoah. Le fils qui lui naîtra, sera un consacré, un nazir : « Le rasoir ne passera pas sur sa tête, car il sera voué à Dieu dès le sein de sa mère » (Jg 13, 5) mais elle-même est associée à l’initiative divine car l’ange lui adjoint dès maintenant de renoncer à une alimentation quelconque : « tu vas concevoir et enfanter un fils. Désormais, fais bien attention : ne bois ni vin ni boisson forte, et ne mange aucun aliment impur » (Jg 13, 4). De son choix à elle dépend maintenant l’accomplissement du projet divin. Mais la femme sait bien qu’elle n’existe qu’en relation, que son histoire personnelle est indissociable de celle de son couple et de son clan. Aussi court-elle prévenir son époux… Et là, Dieu a fort à faire avec nos petitesses et nos manques de confiance. Car l’homme hésite, demande à voir l’envoyé mystérieux et à se faire répéter, mot par mot, les instructions concernant l’enfant. Que l’ange du Seigneur vienne à lui ! Dieu est bon prince mais quand même… L’ange du Seigneur apparaît à nouveau mais toujours à la femme : que le sieur Manoah daigne bien se bouger et se déplacer jusqu’à lui… Bien qu’ayant maintenant reçu tous les gages désirés, Manoah reste sceptique jusqu’à ce que le message disparaisse dans les flammes d’un sacrifice ! Se rendant compte de sa balourdise, il prend peur et pense qu’il va mourir pour avoir vu Dieu ! Il faut tout le bon sens – et la foi - de sa femme pour le ramener à la raison en soulignant l’absurdité de sa réaction : si Dieu a de tels projets pour eux, pourquoi irait-il les faire périr (Jg 13, 23) ?
Ce que la Bible semble nous dire, c’est que Dieu s’accorde à placer sa confiance en des hommes et des femmes qu’ils soient de bonne ou de moins bonne foi. Il sait bien que nous ne sommes pas tous des monuments de confiance et cela ne semble pas le déranger plus que cela. L’histoire de la tribu de Dan, la tribu de Manoah en témoigne : se jugeant trop à l’étroit dans son territoire au sud-ouest de Bethléem, les Danatiques émigreront vers le nord de la Terre Promise pour s’établir dans les monts qui surplombent les sources du Jourdain. C’est de là, qu’une femme de leur clan, une femme qui ne devait pas avoir d’enfant, épousa un charpentier de Tyr à qui elle donnera un fils, Hiram, qui sera l’architecte en chef du grand Temple de Jérusalem à l’époque de Salomon (2 Chr 2, 14). Pour accompagner notre humanité rétive vers Sa rencontre, Dieu se donne du temps. C’est probablement cela qui explique la parole énigmatique de l’ange à la femme de Manoah : « C’est lui qui commencera de sauver Israël de la main des Philistins » (Jg 13, 6). « Commencera… » Comme si Dieu regardait déjà plus loin et faisait allusion à un autre sauveur qui, Lui, accomplira parfaitement l’œuvre pour laquelle il a été envoyé. Dieu se donne le temps d’attendre ce moment unique où il trouvera une jeune femme et un jeune homme dont le cœur et la foi seront pleinement accordés à son projet.
P. Pascal-Grégoire