Paroisse Notre Dame de l'Estuaire
11 bis place des Halles - 17120 Cozes
paroissecozes@gmail.com
05 46 90 86 55
Paroisse Notre Dame de l'Estuaire
23/11/2020
C’est au XIXe siècle que l’église de Brie acquiert cette silhouette qui nous est familière avec abside en cul-de-four et son arc en anse de panier qui relie la nef au sanctuaire. Quelques chapiteaux sculptĂ©s (arabesques, feuillages) viennent animer les colonnes et tournent nos regards vers la peinture naĂ¯ve sur l'abside offrant une ouverture sur le ciel bleu nuit Ă©toilĂ©. Le chemin de croix, constituĂ© de gravures, date du 19e siècle. Une mosaĂ¯que incrustĂ©e dans le dallage indiquant la date de fin de chantier (1899).
L’autel de marbre blanc remplace l’ancien autel en bois peint de style renaissance. L’actuel clocher, portĂ© par quatre piliers formant le porche, surmontĂ© par une Ă©lĂ©gante flèche, est un ajout de la fin du XIX e siècle. Il est rĂ©alisĂ© en pierre provenant des carrières de la Combe du Cassar. En faisant le tour de l’église, on peut observer sur la façade sud, juste au-dessus de la sacristie, les traces d’une fenĂªtre romane. Faisant face au chevet, on peut voir une vieille croix de pierre et un beau sarcophage dont une face est sculptĂ©e.
21/11/2020
Cette région a connu au cours des siècles plusieurs périodes de prospérité dues probablement à sa situation géographique : proche de l’estuaire de la Gironde, elle se trouvait sur la route de l’étain, qui s’échangeait entre la Cornouaille et la Méditerranée. Cette vaste plaine qui va du nord de l’Europe jusqu’à la frontière espagnole a vu passer toutes les invasions qui sont venues mourir à l’ouest de l’Europe. Bien sûr, plus tard, elle a été un lieu de passage pour les pèlerins de Saint-Jacques qui venaient de Bretagne ou de Normandie et continuaient vers le Sud ou s’embarquaient vers l’Espagne par Mortagne ou Talmont. Ces échanges multiples ont eu forcément une influence sur la constitution de ce qu’on appelle l’art roman saintongeais.
L’église de St Pierre de Cozes, inscrite Ă l’Inventaire SupplĂ©mentaire des Monuments historiques le 15 fĂ©vrier 1925, faisait partie de vaste mouvement culturel et religieux et Ă©tait Ă l’origine une possession de l’ancienne abbaye augustinienne Saint-Étienne de Mortagne. On notera que de nos jours, d’un point de vue religieux, elle fait partie administrativement d’un groupement de clochers qui constitue la paroisse « Notre-Dame de I’Estuaire et qu’elle est dĂ©pendant de l’évĂªchĂ© de La Rochelle.
Traversant les siècles, l’église n’a pas été épargnée par les aléas de l’histoire. Elle a connu effondrements, incendies, destructions, reconstructions, agrandissements. Et les styles se sont succédé. Au fur et à mesure des événements, cet important édifice, qui possède encore quelques parties du XIIe siècle, a été presque entièrement reconstruit au XIIIe et surtout au XIVe s, le clocher date du XVe siècle. Le chevet, plat contraire à l’usage roman, daterait du XIVe s. Quant à la façade actuelle, d’inspiration néo-classique, avec son fronton, elle date de 1850 environ, pour ne parler que de l’architecture…
Des traces des anciennes structures existent, bien entendu. Ainsi, à l’extérieur, la face est du clocher, qui porte une toiture octogonale bien qu’il soit carré, porte les marques de l’ancien emplacement de la toiture de la nef, plus élevée que l’actuelle, d’environ 7 mètres. La hauteur des contreforts nord correspondait d’ailleurs à celle de l’ancienne voûte. Il suffit aussi de faire le tour de l’église pour apercevoir, de tous côtés, des éléments d’architecture anciens. Et à l’intérieur du clocher, se voient des colonnes et d’anciennes baies qui existaient avant sa construction au XIIIe siècle et qui ont été murées.
Le clocher lui-mĂªme est une haute et massive tour qui s’élève au Nord, Ă cĂ´tĂ© de la nef, Ă la hauteur de la cinquième travĂ©e. A sa base, une petite porte ogivale sert d’entrĂ©e habituelle. Il est carrĂ© jusqu’à la hauteur des contreforts massifs, justifiĂ©s autrefois par le poids de la voĂ»te. Cette partie carrĂ©e est surmontĂ©e d’un Ă©tage octogonal qui contient les cloches et l’horloge ; la toiture a la forme d’une pyramide, Ă©videmment octogonale.
20/11/2020
Ainsi la composition de la façade, avec ses deux arcs aveugles surhaussĂ©s encadrant le portail, ressort d’une interprĂ©tation de la tradition romane. Il en est de mĂªme pour la frise de pointes de diamant qui orne l’imposte Ă droite du portail. A gauche, des oiseaux et des serpents, ainsi que quelques feuillages d’un naturalisme plus gothique, sont les seuls reconnaissables.
A l’intĂ©rieur, c’est le chapiteau placĂ© dans l’angle sud-est du cÅ“ur qui Ă©veille la curiositĂ© : sa forme de parallĂ©lĂ©pipède aux angles abattus et lĂ©gèrement concaves, son dĂ©cor en très faible relief reprĂ©sentant des silhouettes d’oiseaux encadrĂ©s par des palmes, et le fait mĂªme qu’une unique grande corbeille reçoive les retombĂ©es de plusieurs arcs, tout cela montre qu’il s’agit d’un chapiteau extrĂªmement archaĂ¯que, de tradition romane, qui tranche nettement avec le pilier lui-mĂªme, dont le profil complexe accuse nettement un XIIIe siècle très avancĂ©.
Ayant souffert des alĂ©as des temps, l’église connait une première campagne de restauration au XVIIe siècle (porte de la façade ornĂ©e d’un blason faisant penser Ă une porte seigneuriale) mais c’est au XIXe siècle que l’édifice est dotĂ©e d’une chaire et un autel nĂ©ogothique de belle qualitĂ© qui sont venus agrĂ©mentĂ©s le chÅ“ur. Une sacristie, elle aussi nĂ©ogothique, est adjointe au sud du chÅ“ur Ă la mĂªme Ă©poque.
19/11/2020
Le Castrum Mauricum était un maillon important de la ligne de défense que l’Empire romain avait dressée sur toute la façade atlantique et, bien longtemps après la fin de l’Empire, les seigneurs qui détenaient la forteresse de Mortagne jouissaient encore d’une réelle suprématie sur les autres nobliaux de la Saintonge maritime. Pour bien marquer leur rang, les seigneurs de Mortagne n’hésitaient pas à faire appel à de puissants monastères pour les assister dans leurs pieuses fondations comme celle de Saint-Etienne de Vaux-sur-Mer élevée avec le concours de l’abbaye de Maillezais, ou encore s’affichaient comme soutient de la grande Réforme grégorienne. C’est alors qu’ils favorisent la fondation d’un important prieuré confié aux Chanoines Réformés de Saint-Augustin vers 1113 (prieuré édifié probablement à l’emplacement de l’actuel stade). De ce prieuré dépendaient plusieurs églises paroissiales des environs comme Saint-Seurin d’Uzet.
L’église Saint-Etienne de Mortagne fut réédifiĂ©e au XIIIe siècle et elle appartenait Ă ce moment tardif de l’art roman que l’on appelle le « Roman Plantagenet ». Dans les bras de la croix latine que forme l’édifice, on peut admirer de très beaux chapiteaux, rares vestiges qui ont Ă©chappĂ© aux destructions consĂ©cutives Ă la sanglante Ă©quipĂ©e d’Agrippa d'AubignĂ© en 1580. L'Ă©glise, très largement dĂ©truite lors des Guerres de religions, ne sera partiellement restaurĂ©e qu'au cours du XVIe siècle. C’est un peu plus tard qu’un autel jĂ©suite fut placĂ© dans le sanctuaire restaurĂ© sous Louis XIII. Les stalles du chÅ“ur ne sont pas antĂ©rieures au XVIIIe siècle, stalles qui accueillaient encore treize chanoines rĂ©guliers de l’ordre de Saint-Augustin.
Au XIXe siècle, il est dĂ©cidĂ© d’élever un nouveau clocher (1860) qui pourra servir d’amer aux marins navigants sur la Gironde. Des travaux sont Ă©galement entrepris Ă la mĂªme Ă©poque dans le sanctuaire sous l’égide de l’architecte Alaux qui fait abattre la façade romane, ajoutĂ© une travĂ©e Ă la nef et au clocher nĂ©o-gothique.
19/11/2020
L’église sera profondĂ©ment modifiĂ©e trois cents ans plus tard Ă la fin du XVIIe siècle probablement en raison des dĂ©gĂ¢ts et des vicissitudes des Guerres de religion. D’autres travaux seront diligentĂ©s Ă partir de 1670. La façade, Ă©difiĂ©e en 1703, se compose d'une porte Ă fronton triangulaire brisĂ©, surmontĂ©e d'une baie rectangulaire, et est encadrĂ©e par deux contreforts massifs. La dĂ©coration de l'abside fut entièrement repensĂ©e au XIXe siècle : de cette Ă©poque datent les fresques murales et la voĂ»te cĂ©leste peinte sur le cul de four, mĂªme les chapiteaux romans furent repeints Ă©galement Ă cette occasion, empĂ¢tant de façon dommageable la finesse de la sculpture romane. Mais cet usage intempestif de la peinture peut avoir du bon ! A l’occasion de travaux entrepris en 2018, on eut l’heureuse surprise de dĂ©couvrir que l’épaisse couche de badigeon (en fait onze couches !) recouvrant la chapelle sud dissimulait un vĂ©ritable trĂ©sor : des dĂ©cors peints datant du XVe siècle reprĂ©sentant des scènes religieuses qui sont encore Ă dĂ©chiffrer.
La coupole de l’église surplombe un très beau chapiteau roman reprĂ©sentant la « pesĂ©e des Ă¢mes ». Saint Michel, une balance Ă la main, regarde Satan qui cherche, vainement, Ă faire peser le flĂ©au de son cĂ´tĂ©, un motif remontant Ă l’Egypte pharaonique et accueilli dans l’univers roman via l’Eglise copte d’Egypte, peut-Ăªtre Ă l’occasion des croisades. Le motif est bien connu : si le plateau penche du cĂ´tĂ© du bien, lâ€™Ă¢me du dĂ©funt sera sauvĂ©e et pourra rentrer dans le Paradis. Dans le cas contraire, elle sera livrĂ©e au pouvoir du Satan. Mais que nul ne dĂ©sespère ! La mĂªme scène, reprĂ©sentĂ©e sur des chapiteaux des Ă©glises de Saint-Eutrope de Saintes, Saujon ou Corme-Royal, est sans Ă©quivoque : on y voit très clairement l’archange Michel appuyant sans vergogne sur le flĂ©au de la balance pour la faire pencher du cĂ´tĂ© de Dieu…
18/11/2020
Une première Ă©glise y fut bĂ¢tie, dĂ©diĂ©e Ă saint Martin de Tours, l’apĂ´tre des Gaules. Malheureusement, l’édifice eut du mal Ă faire face aux intempĂ©ries et aux vicissitudes des temps. L’église mĂ©diĂ©vale dut Ăªtre abattue et elle fut reconstruite au milieu du XIXe siècle sous les auspices de l'architecte AimĂ© Bonnet qui fit le choix de lui donner un air roman en ne cĂ©dant pas Ă la mode du nĂ©ogothique comme Ă Mortagne ou Semussac.
Si la façade Ă trois niveaux est très richement ornĂ©e, les chapiteaux des colonnettes animĂ©s d’animaux extraordinaires, chevaux Ă tĂªte humaine, oiseaux et feuilles d'acanthe, sont tout aussi du dix-neuvième siècle, ce qui n’est pas le cas de deux magnifiques chapiteaux conservĂ©s Ă l’intĂ©rieur du sanctuaire. A gauche, se trouve le hĂ©ros biblique Sanson en train de vaincre le lion qui personnifie le mal. Lui fait face une scène tout Ă fait extraordinaire et mĂªme unique dans l’iconographie romane, une reprĂ©sentation de l’Assomption de la Vierge Marie qui est enlevĂ©e au ciel dans une mandore ornĂ©e de perles, soutenue par deux anges. ArrachĂ©e aux tĂ©nèbres de la mort, elle se protège les yeux de ses mains toute Ă©blouie par la lumière divine. MalgrĂ© le traitement un peu fruste de la sculpture, ce chapiteau tĂ©moigne indubitablement de la piĂ©tĂ© mariale telle qu’elle Ă©clot au XIIe siècle sous l’impulsion de thĂ©ologiens comme Bernard de Clairvaux ou Isaac de l’Etoile.