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Thamar, la femme juste  

15/12/2022

Thamar, la femme juste  

« Le sceptre royal n’échappera pas à Juda, ni le bâton de commandement, à sa descendance, jusqu’à ce que vienne celui à qui le pouvoir appartient, à qui les peuples obéiront. » Cette promesse de l’Eternel prononcée par Jacob sur son quatrième fils, Juda, semble bien fragile au gré des malheurs que connut ce clan. S’étant séparé de ses frères, Juda épouse une Cananéenne, Bat-Shua (« Bethsabée »), qui lui donna trois fils. Jusque-là tout va bien. Il maria son aîné, Er, à une fille de Canaan du nom de Thamar, mais Er mourut peu de temps après. 

« Le sceptre royal n’échappera pas à Juda, ni le bâton de commandement, à sa descendance, jusqu’à ce que vienne celui à qui le pouvoir appartient, à qui les peuples obéiront. » Cette promesse de l’Eternel prononcée par Jacob sur son quatrième fils, Juda, semble bien fragile au gré des malheurs que connut ce clan. S’étant séparé de ses frères, Juda épouse une Cananéenne, Bat-Shua (« Bethsabée »), qui lui donna trois fils. Jusque-là tout va bien. Il maria son aîné, Er, à une fille de Canaan du nom de Thamar, mais Er mourut peu de temps après. Juda maria Thamar avec son second fils pour qu’il donnât des enfants à son aîné décédé et lui accorde une postérité posthume (selon la « loi du lévirat ») mais celui-ci ne voulut pas se plier à la demande paternelle. Thamar resta sans enfant et le second fils mourut à son tour. Juda aurait dû donner sa bru en mariage à son troisième fils mais le patriarche hésite, il redoute que son cadet ne meurt à son tour et que lui, Juda, se retrouve sans descendance. Cruel dilemme qui semble mettre en échec les promesses de l’Eternel faites aux Pères car le troisième garçon ne semble pas presser de convoler… Thamar est renvoyée et Juda, tout accaparé par la question de sa descendance (il est maintenant veuf), ne semble guère préoccupé par le sort de sa belle-fille veuve et sans enfants. 

 

Finalement Thamar recourt à un étonnant stratagème : elle se déguise en prostituée, voile son visage et se place sur le chemin de son beau-père qui rentre des champs. Celui-ci la fait appeler mais Thamar, gardant avec soin le secret de son identité, lui demande d’abord des gages dont son bâton/spectre. Au petit matin, elle se retire en ayant bien soin de ne pas se faire reconnaître. Trois mois plus tard, on rapporte à Juda que sa bru est enceinte. Fureur de Juda qui réclame à grands cris qu’on la brûle de suite. Tandis qu’on la chasse de sa tente, Thamar produit les objets demandés en gage devant les assaillants : stupeur de Juda qui reconnaît : « cette femme est plus juste que moi car, de fait, je ne l’avais pas donnée à mon fils Shéla » (Gn 38, 26) et Juda la garda près d’elle mais sans en faire son épouse. Au temps de ses couches, Thamar donna naissance à des jumeaux qui vinrent remplacer les deux fils morts prématurément de Juda et permettre à sa tribu d’accomplir sa vocation messianique. 

 

L’histoire de Thamar peut déranger ou choquer nos sensibilités modernes mais ce que la Parole de Dieu se propose de nous faire entendre c’est que la Cananéenne a choisi de ruser pour servir un projet de vie, pour que la postérité de Jacob soit assurée aussi en son fils Juda. Et le Seigneur lui-même semble seconder les efforts étonnants de Thamar par une double fécondité qui vient contredire les jours de deuil et de désespérance. Thamar est juste de cette justesse de Dieu qui, lui, fait le choix de la vie contre toute sorte de légalisme étriqué : son lointain descendant, Joseph, « le juste » n’agira pas autrement en prenant chez lui la jeune femme enceinte, l’arrachant ainsi à une mort certaine. Par son sens étonnant de la justice, Thamar la Cananéenne non seulement prend place dans la lignée des ancêtres du Messie mais son nom chaque année comme celui de Rahab, Ruth et l’épouse d’Urie sera prononcé et célébré par ceux et celles qui se préparent à accueillir l’Enfant de la Promesse, selon la bénédiction qui s’échangeait autrefois dans les champs de Bethléem : « Puisse la descendance que le Seigneur te donnera par cette jeune femme rendre ta maison comme la maison de Pérès que Tamar enfanta à Juda ! » (Rt 4, 12). 

 

P. Pascal-Grégoire