Paroisse Notre Dame de l'Estuaire
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Paroisse Notre Dame de l'Estuaire
Prendre le temps de lire et de méditer la Parole de Dieu
04/12/2022
« Consolez, consolez mon peuple, – dit votre Dieu – parlez au cœur de Jérusalem. Proclamez que son service est accompli, que son crime est expié, qu’elle a reçu de la main du Seigneur le double pour toutes ses fautes. Une voix proclame : « Dans le désert, préparez le chemin du Seigneur ; tracez droit, dans les terres arides, une route pour notre Dieu. » La femme ne sait plus où aller, ne sait plus où trouver refuge... Elle ne comprend pas ce qui lui arrive mais a-t-elle même le droit de chercher à comprendre ce qui lui arrive… Elle n’est qu’une servante, une esclave achetée un jour au marché et elle ne vaut guère plus aux yeux de certains hommes.
Sa maîtresse était bonne jusqu’à ce jour funeste où elle l’a envoyée vers son époux. Le couple était âgé et n’avait pas d’enfant… Hagar devint enceinte et ne sut cacher sa joie et sa fierté. L’enfant devint sa raison d’être et peut-être s’était-elle mise à imaginer un autre destin pour elle-même. Elle osa relever la tête.
La réaction de la maîtresse fut terrible : « Saraï dit à Abram : ‘Que la violence qui m’est faite retombe sur toi ! C’est moi qui ai mis ma servante dans tes bras, et, depuis qu’elle s’est vue enceinte, je ne compte plus à ses yeux. Que le Seigneur soit juge entre moi et toi !’ Abram lui répondit : ‘Ta servante est entre tes mains, fais-lui ce que bon te semble.’ Saraï humilia Hagar et celle-ci prit la fuite » (Gn 16, 5-6). La tradition juive rapporte que Sara dans sa colère, déchira les oreilles de son esclave et qu’Abraham, navré de cet accès incroyable de violence, inventa pour Agar les premières boucles d’oreilles de l’histoire. Mais s’en était trop pour la jeune femme qui s’enfuit au désert pour y chercher asile, même si cet asile devait être celui de la mort. Elle n’était qu’une servante et n’avait fait qu’obéir à sa maîtresse. Logique des puissants pour qui les petits ne comptent pas, ne sont que des pièces dans les plans qu’ils trament pour s’assurer une place au soleil. Mais il n’en va pas de même pour l’Éternel. Non seulement les servantes ont leur place dans le dessein de Dieu mais il fait alliance de façon privilégiée avec elles et les place au premier rang dans la réalisation de son projet : « Il s’est penché sur l’humiliation de sa servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom ! Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent. Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles » (Lc 1, 48-52) proclamera une autre servante du Seigneur à l’orée de l’autre Livre de l’Alliance.
Si les servantes n’existent pas aux yeux des puissants, Dieu, lui, les voit et les rejoint. A cette femme qui se cache sous les épineux, il envoie son ange (première mention explicite d’un ange dans la Bible). Première Annonciation de la Bible. A une esclave en fuite. A une étrangère. Et l’Ange fit une promesse à la femme de la part de Dieu : « Je te donnerai une descendance tellement nombreuse qu’il sera impossible de la compter. Tu es enceinte, tu vas enfanter un fils, et tu lui donneras le nom d’Ismaël (c’est-à-dire : Dieu entend), car le Seigneur t’a entendue dans ton humiliation » (Gn 16, 10-11). Dieu est Celui qui entend l’humiliation de ses enfants, de tous ses enfants comme aux jours de Moïse, comme aux jours de Marie, comme aux jours qui sont les nôtres… Et pour Dieu entendre, c’est se prononcer pour, c’est prendre parti, c’est multiplier la vie. La promesse faite à Hagar est semblable à la promesse qui a été faite quelques temps plus tôt à Abraham (Gn 15, 5). Pas une promesse rivale, concurrente mais une Parole de vie qui rend possible d’autres Paroles de vie. Pour l’heure, l’Ange renvoie Hagar et sa maîtresse, vers une histoire qui ne sera pas facile - comme toute histoire humaine - mais dans laquelle l’Éternel, Béni soit son Nom, déploiera sa Présence et sa Bénédiction.
P. Pascal-Grégoire