Paroisse Notre Dame de l'Estuaire

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Aksa, le désert devint Livre 

03/12/2022

Aksa, le désert devint Livre 

 « Le désert et la terre de la soif, qu’ils se réjouissent ! Le pays aride, qu’il exulte et fleurisse comme la rose, qu’il se couvre de fleurs des champs, qu’il exulte et crie de joie ! » Du haut de la terrasse, la femme contemple la steppe rase et nue qui s’étend à perte de vue au sud de la ville. Son lot à elle, la fille de Caleb, un puissant chef de clan qui s’est allié à Moïse lors de sa marche vers la Terre promise. 

 

    Elle qui a été mise en lot par son propre père : « Puis Juda marcha contre les Cananéens qui habitaient Hébron – le nom d’Hébron était auparavant Qiryath-Arba – et il battit Shéshaï, Ahimane et Talmaï. De là, il marcha contre les habitants de Debir – le nom de Debir était auparavant Qiryath-Séfer. Caleb dit : « Celui qui vaincra Qiryath-Séfer et s’en emparera, je lui donnerai pour femme ma fille Aksa. » Otniel, fils de Qénaz, le frère cadet de Caleb, s’empara de la ville et Caleb lui donna pour femme sa fille Aksa » (Jg 1, 10-13). Mais il n’est pas dans le dessein de Dieu que les femmes soient ainsi chosifiées ou troquées.

 

    Et Aksa de prendre les choses en mains. Quoique son promis se soit vaillamment comporté, les arpents de terre gagnés ne sont que poussières et rochers. Survenant prestement après la prise de la ville, et sautant de son âne, Aksa se précipite sur son père et contre-attaque : elle accepte d’être le prix de la victoire mais que lui, son père, lui accorde les grands réservoirs d’eau qui sont plus au nord. Son père sourit. Il n’en attendait pas moins et il lui cède non seulement « les vasques d’en-haut » mais encore « les vasques d’en bas » (Jg 1, 15). Grâce à la prévoyance et l’intrépidité d’une toute jeune femme, le désert refleurira. La terre des Pères sera féconde. Mais il faut savoir suivre les cours d’eau souterrain qui irriguent le Livre. Et nous retrouverons un peu plus tard l’époux d’Aksa dont nous découvrons qu’il fut le premier juge sur les tribus d’Israël après les temps quelques peu incertains qui suivirent la mort de Josué, celui qui fit entrer Israël dans la terre de l’Alliance. Non seulement Otniel et son épouse apportèrent la vie aux marges désertiques de la Terre promise mais, pendant quarante ans, l’époux d’Aksa veilla sur la paix et la prospérité de tout Israël. Or ni Othniel ni Aksa ne descendaient des fils de Jacob ! Cabel, le père d’Aksa et l’oncle d’Otniel, était fils de Yephunnné, un Quenizzite, c’est-à-dire un membre d’une tribu apparentée à Edom (Gn 36, 11-15). Décidément, le Dieu des Pères a une conception très ouverte de l’élection d’Israël !   

 

    Mais il y a peut-être encore autre chose à entendre de l’histoire d’Aksa. L’autre nom de la ville qu’elle reçut en partage, Qiryath-Séfer, signifie « la cité du livre ». L’obéissance et la volonté d’Aksa dont la geste est contée en-tête du Livre des Juges (et cette place n’est jamais anodine dans la Bible) rendront possibles, même si cela prendra beaucoup de temps, et l’histoire du Peuple de l’Alliance, et l’écriture d’un Livre, tissé de beaucoup de livres, et où le Verbe prendra chair. En cela aussi, Aksa prend place dans la généalogie de l’Enfant à venir. 

 

P. Pascal-Grégoire