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Prendre le temps de lire et de méditer la Parole de Dieu

Rahab, la prostituée

02/12/2022

Rahab, la prostituée

La méditation de la Parole de Dieu nous ramène en ce deuxième dimanche de l’Avent à cette annonce solennelle de l’advenue d’un rejeton sans pareil dans la descendance de Jessé, père de David, un fils qui sera un pasteur bon et juste : « Il jugera les petits avec justice ; avec droiture, il se prononcera en faveur des humbles du pays. Du bâton de sa parole, il frappera le pays ; du souffle de ses lèvres, il fera mourir le méchant. La justice est la ceinture de ses hanches ; la fidélité est la ceinture de ses reins. » Et la liturgie de nous faire entrer un peu plus dans l’histoire de cette famille à la fois humble et disparate,

 mais une famille qui à l’heur de plaire à l’Eternel, Béni soit son nom. Dieu si trouve à l’aise, comme chez lui… Mais quelle famille… La généalogie conservée par Matthieu nous permet de faire connaissance avec les grands-parents de Jessé : « Salmone, de son union avec Rahab, engendra Booz, Booz, de son union avec Ruth, engendra Jobed, Jobed engendra Jessé » (Mt 1, 5). Rahab, mais c’est… précisément la prostituée de Jéricho qui cacha chez elle les espions de Moïse envoyés pour reconnaitre les territoires de la Terre promise. Pour les avoir sauvés d’une mort certaine, Rahab et sa famille furent non seulement épargnées au moment de la prise de Jéricho, mais la jeune femme put entrer par un mariage légitime dans un clan d’Israël. Ainsi épousa-t-elle Salmone. 

 

Décidément, Dieu n’est pas très regardant sur ces origines : non seulement une Cananéenne mais une prostituée en plus. Et cela n’a pas l’air de le déranger beaucoup. L’enfant né à Bethléem ne dira guère autre chose. A ceux qui se croient des gens très bien et très pieux, il déclare : « Amen, je vous le déclare : les publicains et les prostituées vous précèdent dans le royaume de Dieu « (21, 31). Dieu ne s’arrête pas aux apparences, et lui seul connaît la vérité des cœurs par-delà des flétrissures de l’existence. Mais la mention de Rahab comme celles des trois autres femmes présentes dans la généalogie mathéenne (Thamar, Ruth et Bethsabée) ne tient peut-être pas d’abord à leur statut matrimonial quelque peu hors norme ou atypique. Plus que de femmes « étranges », il s’agit de femmes étrangères : Thamar et Rahab sont des Cananéennes, Ruth est maobite et Bethsabée l’épouse d’un mercenaire hittite. Et surtout l’enfant qu’elles ont mis au monde, n’aurait jamais dû exister tant improbable était la rencontre de ses parents. 

 

Voilà ce que dit l’histoire de Rahab par-delà nos considérations morales. Dieu vient se nicher dans ce qu’il y a de plus improbable et de plus imprévisible dans chacune de nos vies. Il faut juste qu’il y ait eu à un moment donné comme une porte entrebâillée. Peut-être par opportunisme, par peur ou par le saisissement de ce que quelque chose d’inédit advenait – ne va-t-elle pas affirmer que le Seigneur YHWH est Dieu au ciel et sur la terre, profession de foi que seul Moïse avait fait avant elle ? (Dt 4, 39), Rahab cacha les espions de Moïse sous les tiges de lin qui séchaient sur sa terrasse et les guida dans leur retraite. Le signe d’une même tige de lin teinte de pourpre la préservera de toute violence au moment de la chute de la ville. D’un grand roi, elle sera l’ancêtre. L’hospitalité accordée par Rahab (et célébrée par la Lettre de Jacques, 2, 25) lui donnera de trouver hospitalité et de participer activement au dessein de salut du Dieu pourtant rencontré lors d’une déroute. Et si aux moments les plus improbables ou les plus déstabilisants de nos vies, Dieu était là, qui nous fait signe ?

 

P. Pascal-Grégoire