Paroisse Notre Dame de l'Estuaire
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Paroisse Notre Dame de l'Estuaire
Prendre le temps de lire et de méditer la Parole de Dieu
29/11/2022
Le cantique que fait entonner le prophète Isaïe : « Prenez appui sur le Seigneur, à jamais, sur lui, le Seigneur, le Roc éternel. Il a rabaissé ceux qui siégeaient dans les hauteurs, il a humilié la cité inaccessible, l’a humiliée jusqu’à terre, et lui a fait mordre la poussière. Elle sera foulée aux pieds, sous le pied des pauvres, les pas des faibles », n’est pas sans rappeler le chant de victoire et d’action de grâce de la prophétesse Déborah aux jours des Juges, l’un des plus vieux poèmes conservés dans les rouleaux de la Première Alliance.
Ayant participé à la victoire des tribus israélites, Déborah y célèbre d’abord l’intervention de l’Éternel en faveur de son peuple, ne pouvant se contenir davantage devant la violence et l’iniquité des nations qui s’échinent à contrecarrer son projet de salut. Déborah rappelle aussi comment la gloire de Yahvé, c’est également d’éveiller des hommes – et des femmes – au déploiement de sa puissance et de les associer à sa victoire. Et Déborah sait qu’il en faut de l’énergie pour maintenir à portée de cœur le projet de l’Éternel.
Car Déborah n’est pas que prophétesse. Elle est aussi juge entre les tribus d’Israël en ces âges incertains de bronze et de rapines qui voient les fils de la Promesse s’établir et mettre en culture les terres de la Promesse faîte aux Pères. Elle-même vit dans les collines de Samarie, non loin de Rama. C’est là qu’elle accueille les doléances des fils d’Israël qu’elle examine et juge sous « le palmier de Déborah » car les temps sont peu sûrs. Chaque clan essaie de gagner quelques arpents de terre de plus, chaque peuple louche vers ces arpents de terre fertiles à l’image de cette plaine d’Izréel que domine le mont Thabor. Mais pour l’heure, c’est un roi cananéen, Sisera, qui non seulement s’en assure le contrôle avec ses chars de fer, mais en chasse et massacre les fils d’Israël qui venaient de s’y établir. Et tous de trembler sous les tentes des fils des Patriarches jusqu’aux chefs de guerre quand parvient la rumeur d’une nouvelle attaque de l’impitoyable Sisera d’Haçor ! Les genoux s’entrechoquent, les jambes se dérobent et nul ne répond à l’appel de Yahvé à repousser l’envahisseur. Alors se lève celle que l’on n’attendait pas. Se produit ce qu’on pouvait imaginer en Israël : une femme à la tête des armées de Yahvé Sabaoth. Et au risque de sa propre vie car le général en chef n’a consentit à se mettre en marche que si Déborah prenait place dans son propre char ! La victoire sera totale et éclatante. Toutefois elle n’appartiendra pas aux hommes car c’est une femme alliée à l’Éternel qui a vaincu Sisera et c’est de la main d’une femme que périra le tyran. Alors que le roi d’Haçor cherchait désespérément à fuir, Yaël, la femme d’Haber le Kénite, lui proposa l’abri de sa tente avant de le mettre à mort, lui enfonçant un piquet de tente dans le crane à l'aide d’un marteau dès qu’il se fut endormi. La Parole de Dieu ne dit rien des motifs qui poussèrent Yaël à violer les lois sacrées de l’hospitalité mais elle laisse entendre que les crimes de Sisera avaient été au-delà de tout ce que pouvait supporter l’Éternel.
Il est des moments où l’espérance semble comme bannie de notre horizon. La dureté des jours et des humains paraît mettre en échec permanent la proposition de paix de l’Éternel. Il nous faut alors lever les yeux et apprendre à reconnaitre, à l’ombre d’un palmier, la braise qui rougeoie sagement sous la cendre dans l’attente de se communiquer à une multitude de cœurs et de destins. Aux jours de Sisera et de son œuvre de mort, c’est le char de Baraq qui conduisit l’espérance au cœur de la mêlée. Au cœur d’Hérode le Grand, ce fut le corps d’une toute jeune fille de Nazareth… Qui conduira aujourd’hui cette braise au cœur des attentes et des interrogations des hommes et des femmes de notre temps ?
P. Pascal-Grégoire