Paroisse Notre Dame de l'Estuaire

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Prendre le temps de lire et de méditer la Parole de Dieu

Un autre est avec eux

04/04/2022

Un autre est avec eux

Quelques conseillers bien intentionnés avaient attiré l’attention du roi Nabuchodonosor sur un petit groupe de jeunes fonctionnaires du Palais. Ils ne s’étaient pas prosternés devant l’idole d’or que le roi avait érigée à sa propre gloire et à la puissance de son royaume.

 L’ordre en avait été donné on ne peut plus clairement et universellement. Le roi ordonna : «  rassemblez les satrapes, les préfets, les gouverneurs, les conseillers, les trésoriers, les juges, les magistrats et tous les fonctionnaires des provinces, pour qu’ils viennent à l’inauguration de la statue érigée par le roi Nabuchodonosor. » Une fois tous rassemblés, le crieur public proclama avec force : « Vous, peuples, nations et gens de toutes langues, on vous l’ordonne : ‘Quand vous entendrez le son du cor, de la flûte, de la cithare, de la harpe, de la lyre, de la cornemuse et de toutes les sortes d’instruments, vous vous prosternerez et vous adorerez la statue d’or que le roi Nabuchodonosor a érigée. Celui qui ne se prosternera pas et n’adorera pas sera jeté immédiatement au milieu d’une fournaise de feu ardent. » (Da 3, 2…6). Les musicologues se demandent encore à quoi pouvait ressembler l’effet sonore produit par la fanfare mobilisée pour l’occasion…

 

Les jeunes fonctionnaires dont les délateurs avaient bien spécifié qu’ils appartenaient au peuple des Juifs, sont conduits en présence du roi. Celui-ci les interroge personnellement car il les connaît et leur a confié de grandes responsabilités dans l’administration de la province de Babylone. Nous avons entendu la réponse des jeunes Hébreux, à la fois humble et ferme. Pour les fils de l’Alliance, il n’est pas possible de servir d’autres dieux que l’Éternel. Et cet acte de foi : « Si notre Dieu, que nous servons, peut nous délivrer, il nous délivrera de la fournaise de feu ardent et de ta main, ô roi.  Et même s’il ne le fait pas, sois en bien sûr, ô roi : nous ne servirons pas tes dieux. » Ce n’est pas pour rien que les premiers chrétiens ont reconnu dans ces jeunes Hébreux les prémices des premiers  martyrs de l’Église. Il n’est pas possible pour les croyants d’adorer un pouvoir politique quel qu’il soit. Le monde de César appartient à la sphère des créatures. Il ne relève en rien du mystère et de la transcendance du Créateur.

 

Mais si la liturgie de ce jour a souhaité nous faire réentendre et méditer cette page du Livre de Daniel en cette dernière semaine de Carême, c’est pour nous rappeler de manière vive cette manière unique qu’a eu Dieu pour intervenir en faveur des siens. Il ne foudroie pas le roi impie, il ne déverse pas les réserves d’eaux célestes sur la fournaise, mais par son envoyé, il rejoint les siens à l’heure de l’épreuve. Au cœur de la mort, sont suscités une communion et un chant d’action de grâce qui libèrent de leurs liens ceux qui devaient être anéantis et réduits en cendres. 

 

Comme l’a si bien écrit Paul Claudel, « en Jésus-Christ, Dieu n’est pas venu expliquer la souffrance, mais il est venu la remplir de sa Présence. » Et il en va ainsi de la violence, de l’injustice, de l’absurde. Mystère du calvaire où Dieu se tient-là en son Fils, condamné parmi les condamnés, maudit parmi les maudits, sans un mot de protestation ou une rhétorique de justification. Être là, juste là. A partager l’impuissance qui vrille, le désespoir qui empêche de relever son visage, la souffrance indicible qui vous arrache à vous-même. Et cette Présence ne peut être que vie et communion. Ô Mort, où est ta victoire ? Dieu lui-même est descendu en ton néant pour nous conduire à la vie. 

 

P. Pascal-Grégoire