Paroisse Notre Dame de l'Estuaire
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Paroisse Notre Dame de l'Estuaire
Prendre le temps de lire et de méditer la Parole de Dieu
30/03/2022
Le Livre de la Sagesse ne fait pas partie à proprement parler des livres prophétiques. Quoiqu’attribué au roi Salomon, il s’agit d’un des tout-derniers écrits de la version grecque de l’Ancien Testament, un texte rédigé à Alexandrie quelques dizaines d’années à peine avant la naissance du Christ.
C’est même très probablement le livre le plus récent de l’Ancien Testament, son auteur et ses disciples auraient pu être les contemporains des grands-parents de Marie ou de Joseph. Nous sommes à l’orée du mystère de la visitation de Dieu à son peuple.
Ce livre inspiré nous donne à contempler d’abord le mystère de la Sagesse/Logos de Dieu qui s’apprête à se communiquer à notre monde, « respiration de la puissance de Dieu, émanation toute pure de la gloire du Souverain de l’univers… rayonnement de la lumière éternelle, le miroir sans tache de l’activité de Dieu, l’image de sa bonté » (Sg 7, 25-26). Il nous ouvre ensuite au scandale de l’innocent injustement condamné et à la présence de Dieu à ses côtés alors que les impies se vantent de l’avoir réduit à néant.
Les textes de la liturgie de chaque vendredi de Carême nous invitent à entrer dans le mystère de la Passion du Fils de Dieu. Déjà le prophète Isaïe nous sensibilisait à la perspective du Serviteur souffrant, humilié, rabaissé par les hommes, alors que « c’est à cause de nos révoltes qu’il a été transpercé, à cause de nos fautes qu’il a été broyé. Le châtiment qui nous donne la paix a pesé sur lui : par ses blessures, nous sommes guéris. » (Is 53, 5)… Le Deutéronome de son côté stipulait que « maudit serai celui qui pend au bois du supplice » (Dt 21, 23) et le Livre de la Sagesse nous alerte sur l’injuste sort réservé à celui qui se présente comme le fils de Dieu. Ainsi comme par toute petite touche, tesselle après tesselle, les prophètes de la première Alliance viennent éclairer le sens profond, mystique de ce qui se va se passer ce vendredi 7 avril, veille de la fête de Pâques de l’an 30 à Jérusalem.
Le Fils de Dieu sera mis-à-mort par jalousie. Les autorités du Temple et les leaders religieux d’Israël n’ont pu accepter l’enthousiasme que suscitait la prédication de Jésus et ses miracles, sa présence aux plus petits et sa liberté au cœur de la Loi. Mais il était une autre faute qu’on ne saurait lui passer, impardonnable, blasphématrice : sa puissance à incarner ce que le Trois Fois Saint, Béni soit son Nom, espère et attend de l’homme. « Attirons-le juste dans un piège disent-ils, car il nous contrarie, il s’oppose à nos entreprises, il nous reproche de désobéir à la loi de Dieu, et nous accuse d’infidélités à notre éducation. Il prétend posséder la connaissance de Dieu, et se nomme lui-même enfant du Seigneur. Il est un démenti pour nos idées, sa seule présence nous pèse ; car il mène une vie en dehors du commun, sa conduite est étrange. » Le raisonnement des puissants est imparable, un pari gagné d’avance. Mettons-le à mort et voyons. S’il est vraiment envoyé par Dieu, ce dernier ne pourra le laisser être malmené et Il interviendra en sa faveur. A l’extrême, ils en viendraient à prétendre faire œuvre de salubrité et discernement, ne cherchant qu’à établir la vérité et le droit. Que l’on établisse clairement où se tient l’Éternel au jour de l’épreuve. Il n’est pas pensable qu’il puisse consentir à ce que son ami soit soumis à une mort infâme. Mais n’est-ce pas là la tentation suprême que d’obliger Dieu à se déclarer publiquement en faveur de son Messie, le Trois-Fois Saint à se dévoiler pour mieux le mettre au service de nos appétits terrestres ? Et la Sagesse de nous prévenir : « Mais ils s’égarent, leur méchanceté les a rendus aveugles : ils ne connaissent pas les secrets de Dieu. »
P. Pascal-Grégoire