Paroisse Notre Dame de l'Estuaire
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Paroisse Notre Dame de l'Estuaire
Prendre le temps de lire et de méditer la Parole de Dieu
29/03/2022
Alors que dure l’épreuve qui fit suite à la chute du Temple, le Seigneur n’en peut plus de voir son peuple s’abîmer et s’éteindre lentement à petits feux. Il va susciter alors un nouveau prophète qui, lui aussi, va s’adresser au peuple pour l’heure en exil au bord des fleuves de Babylone.
Nous devons à ce prophète les chapitres 40 à 55 du Livre d’Isaïe, un prophète nourri de la pensée et de la spiritualité du premier Isaïe qui vécut un siècle plus tôt. Et voilà que ce prophète se laisse déborder, transporter par l’Esprit du Seigneur.
A son peuple dévasté et humilié, le Seigneur ose faire entendre cette parole incroyable par l’entremise de son prophète : « Rappelle-toi, Israël comment aux moments décisifs de ton histoire, je t’ai exaucé. Quand tes jours étaient comptés, je t’ai secouru. » Le temps de la crise a toujours été simultanément le temps de manifestation du salut comme les deux faces d’une même médaille. Il n’est pas possible que le Dieu Créateur ne se manifeste pas comme le Dieu Sauveur. C’est là sa vérité ultime proclame le prophète ébloui par tant de lumière l’ayant envahi et subjugué dans les ombres de la captivité babylonienne.
Alors il annonce aux prisonniers : « sortez ! » et aux captifs des ténèbres : « Montrez-vous ! » Le temps de l’humiliation, le temps où il fallait raser les murs, devenir invisibles, se retenir même de respirer, ce temps-là va prendre fin ! Ce qui avait été mortel pour le peuple entravé, ces solitudes désertiques qu’il avait fallu franchir, les cols escarpés à escalader, les vents de poussière incessants et le soleil brûlant interdisant tout répit avant le froid mordant de la nuit… Tout cela n’arrivera plus. Dieu lui-même, plein de compassion, guidera son peuple, le conduira vers les eaux vives. Pour leur épargner les fatigues du retour, Il fera surgir une route plane et sûre. « Criez, criez de joie ! Terre, exulte ! Montagnes, éclatez en cris de joie ! Car le Seigneur console son peuple. De ses pauvres, il a compassion. »
Le creuset de l’épreuve a fait voler en éclats tous les faux-semblants, toutes les méprises et même la morgue et le supériorité dont s’était drapé Israël au temps de ses anciens rois. Il ne reste rien, absolument plus rien… si ce n’est encore la possibilité de tendre les mains et le visage vers l’Eternel. Comme un tout-petit entièrement dépendant de l’amour de sa mère, un nourrisson n’ayant qu’elle pour pouvoir accueillir demain. Et Dieu de confesser l’étreinte qui l’a saisi au spectacle de la vulnérabilité et de l’extrême fragilité auxquelles son peuple a été réduit. Cela ne peut être possible. Cela est impossible à son cœur tout aimant et de laisser susurrer par son prophète, d’une façon ultime et définitive : « Une femme peut-elle oublier son nourrisson, ne plus avoir de tendresse pour le fils de ses entrailles ? Même si elle l’oubliait, moi, je ne t’oublierai pas. »
P. Pascal-Grégoire