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Quatrième dimension

27/03/2022

Quatrième dimension

Nous avons déjà rencontré le prophète Ézéchiel dans notre itinérance de Carême, ce prêtre de Jérusalem conduit en exil à Babylone lors de la première capture de la ville. Il est le prophète du « cœur nouveau » que Dieu espère de chacun d’entre nous mais aussi de nombre de visions grandioses et énigmatiques. 

La première d’entre-elles fut fondatrice de son ministère de prophète : quatre ans après avoir quitté Jérusalem (Ez 1), Ézéchiel a la vision de l’arrivée de la Gloire de Dieu au pays des exilés, ce qui lui permit de se réaliser en un instant que Yahvé peut manifester sa gloire là où Il le veut et qu’il n’est permis à personne d’assigner des limites ou des définitions au mystère de la Shékina (« Présence ») divine.

 

Transcendance absolue de Dieu. D’où cette impression d’étrangeté, de surabondance ou de baroque échevelé qui accompagne les visions d’Ézéchiel comme celle du nouveau Temple qu’il nous partage ce matin avec cette étonnante source qui jaillit du côté droit de la Maison au sud de l’autel. Puis il y a cette injonction à suivre ce cours d’eau qui ne cesse de grossir, d’enfler au point de devenir un torrent infranchissable et de se jeter dans la Mer Morte qu’il va littéralement ramener à la vie. Arrêtons-nous un instant. Combien de fois le prophète a-t-il traversé le torrent jailli du Temple. N’hésitons pas à aller relire le texte d’Ézéchiel 47…

 

… A la demande de son mentor mystérieux, le prophète a traversé trois fois le torrent. La quatrième fois, il en fut empêché par l’impétuosité des flots. La quatrième fois comme la marque d’une quatrième dimension, celle que l’esprit de l’homme ne peut appréhender parce qu’elle appartient à Dieu seul. Très « humainement », nous ne pouvons nous représenter le réel qu’en trois dimensions : hauteur, longueur et largeur… Ézéchiel nous fait pressentir que l’expérience divine se situe au-delà. Elle est d’un autre ordre qui n’appartient qu’à Dieu. Et Ézéchiel de faire foisonner ces visions littéralement « irreprésentables » comme ces Quatre Vivants  dotés chacun de quatre faces, de quatre ailes et sous chaque les ailes, des mains d’homme tournées dans les quatre directions… ou encore ses roues au nombre de quatre qui avancent dans les quatre directions sans avoir jamais  à obliquer pour avancer tout en restant solidaires. Il ne s’agit pas de conceptualiser, d’imaginer mais bien d’adorer le Mystère qui est au-delà.  Un Mystère qui désire entrer en communion avec ses créatures même si celles-ci sont totalement dépassées. Et cette communion est puissance de vie comme le manifeste le torrent jailli du côté droit du Temple faisant reverdir et fructifier le désert, mais aussi les rives et la Mer Morte elle-même !

 

N’y aurait-il alors rien à comprendre ? Que nenni ! Les images multipliées, surexploitées, diffractées à l’infini par le prophète nous laissent entrevoir un mystère au-delà du Mystère, une transcendance renouvelée par la Transcendance même de Dieu, une présence incroyable surpassée par la Présence : «  Mais un des soldats, d’un coup de lance, le frappa au côté et aussitôt il en sortit du sang et de l’eau. » (Jn 19, 32). D’un nouveau Temple jaillira à jamais cette vie qu’Il a promise en abondance devant la margelle d’un puits.

 

P. Pascal-Grégoire