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Ciel nouveau, terre nouvelle

26/03/2022

Ciel nouveau, terre nouvelle

Le prophète auquel on doit les chapitres 55 à 66 du Livre d’Isaïe, est le contemporain et le témoin du retour d’une partie des exilés de Babylone à Jérusalem. Ce retour vers la terre des Pères paraissait tout à fait impossible, irréalisable même si les prophètes de la captivité - à l’instar d’Ezéchiel ou Habacuc -, en maintenaient vaille que vaille l’espérance.

 Dieu avait promis. Mais à hauteur de regards d’hommes… Survint alors ce que nul statisticien n’avait pronostiqué : Babylone,  50 ans après la chute de Jérusalem, tomba en une nuit aux mains des Perses du roi Cyrus. Et ce qui était encore moins dans les cartons des politologues de l’époque, c’est que le grand roi perse autorisa les exilés qui le souhaitaient à reprendre la route pour la Judée.  Ainsi même Cyrus le païen allait coopérer au plan de la Providence divine.

 

Le retour eut donc lieu. Toutefois les premières années furent difficiles et âpres. Quoiqu’il en soit de la relative bienveillance de l’administration perse, on manquait de bien des choses tant pour reconstruire les maisons que pour trouver de quoi subsister. Et puis il fallait faire avec ceux qui étaient restés sur place car tous les Judéens n’avaient pas été déportés à l’époque de Nabuchodonosor. Des paysans avaient été laissés pour continuer à faire produire les champs. Maintenant, ils ne se montraient guère enclins à céder la place aux rapatriés de Babylone. D’autant plus que ces derniers revenaient avec une pratique de la religion de leurs Pères sensiblement plus exigeante et aussi plus codifiée que ce que l’on pratiquait alors en Judée. Sur le long terme, une rupture adviendrait entre ces deux populations. Ceux qui n’avaient pas connu le creuset de l’Exil et l’expérience spirituelle qui s’y était forgée, devaient finalement donner naissance au peuple des « Samaritains »…

 

Après des débuts euphoriques à Jérusalem, les difficultés s’amalgamant les unes aux autres, les exilés de retour en vinrent assez vite à baisser les bras. Comment comprendre les desseins de Dieu ? D’un côté, il a rendu possible ce retour inespéré, et de l’autre, il y a ces conditions de vie précaires qui provoquent des morts prématurées chez les adultes ou la disparition des nourrissons emportés en quelques jours. C’est alors que Dieu fait surgir son prophète pour ranimer l’espérance des siens et leur donner à contempler son dessein à nouveaux frais. Ce qu’ils vivent actuellement n’est que l’esquisse de ce que Dieu va entreprendre d’une façon inédite et grandiose. Ils sont le petit germe à partir duquel Dieu va entreprendre une nouvelle création : « Oui, voici : je vais créer un ciel nouveau et une terre nouvelle, on ne se souviendra plus du passé, il ne revendra plus à l’esprit. » Finies les humiliations. Finis les pleurs. Une autre création avec cette promesse divine, cette nouvelle création se fera à partir de Jérusalem afin que « son peuple devienne joie. »

 

Il y a bien des jours où ce que nous vivons semble bien peu accordé, voire même en contradiction avec les promesses de l’Éternel. Nous pouvons même nous demander parfois dans quelle étrange aventure le Christ nous a embarqués tant l’écart est grand entre ce que nous croyons et ce qui est nous est donné de vivre. « Si quelqu’un veut être mon disciple, qu’il renonce à lui-même et qu’il me suive » (Mt 16, 24)… « Or comme arrivait le temps où il allait être enlevé du monde, Jésus rendit sa face comme pierre pour monter à Jérusalem » (Lc 9, 51). Le mystère de la Croix est fidélité absolue au dessein du Père sans chercher à esquiver ou à tricher avec le réel. Seul ce mystère comme fidélité au Père et solidarité avec le frère, peut nous incorporer à la puissance de Pâques où nous fait entrer le Christ : « J’exulterai en Jérusalem, je trouverai ma joie en mon peuple. On n’y entendra plus de pleurs, ni de cris. » Ciel nouveau et terre nouvelle de la Pâque du Seigneur pour ceux et celles qui n’auront pas désespéré à l’heure de l’épreuve !

 

P. Pascal-Grégoire