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Au coeur du brasier

20/03/2022

Au coeur du brasier

Le psaume 65 nous fait prier ce verset : « nous sommes entrés dans l'eau et le feu, tu nous as fait sortir vers l'abondance ». Hier, nous descendions dans l’eau du Jourdain avec le syrien Naaman, image du baptême à venir. Aujourd’hui la liturgie nous prend à témoin de la prière d’Azarias jeté dans un brasier avec deux proches pour avoir refusé d’adorer les idoles du roi de Babylone. 

Cette scène des jeunes Hébreux dans la fournaise est l’une des plus représentées dans l’iconographie des catacombes de Rome avec divers épisodes de la saga de Jonas, Daniel dans la fosse aux lions ou sauvetage de la chaste Suzanne. Autant d’attestations de foi qui proclament que jamais Dieu ne laissera périr ses amis fussent-ils précipités dans le feu, sous la dent des lions… ou dans l’inéluctable de la mort biologique.

 

Réentendons la demande de délivrance d’Azarias. Elle commence par le rappel de l’initiative divine : « à cause de ton nom… » et fait mémoire du projet divin et de son engagement envers les Pères : « à cause d’Abraham ton ami, d’Isaac ton serviteur et d’Israël que tu as consacré. » C’est toi Seigneur qui a voulu appeler à l’existence ce peuple qui serait le lieu de ta Manifestation. Et la prière d’Azarias continue en rappelant que lui et les siens n’ont rien à faire valoir devant la Face de l’Éternel. Ils ont « gassouillé », comme l’on dit en charentais, le don infini que Dieu leur avait fait : dilapidé, gaspillé, méprisé l’Alliance offerte… Ils sont devenus le moins nombreux de tous les peuples de la terre en raison de leur légèreté et de leur suffisance. 

 

Ne leur restent en ce jour que l’expérience cuisante de leur humiliation et la honte de leur déchéance. A l’heure de l’épreuve, Azarias et ses deux compagnons n’ont d’autres offrandes à présenter en holocauste que l’aveu de leur existence piétinée et l’espérance folle que le Seigneur ne peut détourner la face de ceux qu’il a suscités par amour : « Ne nous laisse pas dans la honte, agis envers nous selon ton indulgence et l’abondance de ta miséricorde. Délivre-nous en renouvelant tes merveilles, glorifie ton nom, Seigneur ! »  Le Livre de Daniel nous fait entrevoir ces jeunes Hébreux, debout dans la fournaise, alternant prières de repentance et prières d’actions de grâce, préservés miraculeusement du pouvoir destructeur des flammes. Alerté d’un tel prodige, le roi Nabuchodonosor se précipite sur le lieu du supplice et découvre qu’un quatrième être mystérieux est présent avec les trois jeunes gens. Non seulement Dieu a entendu la prière d’Azarias mais il est venu le rejoindre au cœur de l’épreuve. Le roi ordonnera de suite l’élargissement des trois jeunes Hébreux, mais il en viendra à son corps défendant à professer qu’il n’y a pas d’autre dieu qui puisse agir ainsi que le Dieu d’Azarias.

 

Un Dieu qui nous rejoint au cœur de l’épreuve. C’est Elie Wiesel qui rapporte qu’un jour à Auschwitz, pendant l’appel, furent pendus trois hommes par représailles à la suite d’une tentative d’évasion. Devant lui, un prisonnier ne cessait de répéter : « Mais où est Dieu ? Mais où est Dieu ? » Alors nous dit le survivant, dans l’absurde infernal de ce qui se vivait, ce fut une évidence : Dieu était là. Dans le corps des suppliciés. Un Dieu qui descend dans le brasier de nos vies au moment de l’épreuve, de l’épreuve de trop… Il nous reste la grâce de pouvoir encore, comme Azarias, nous rappeler que Dieu ne peut trahir sa parole, ne peut oublier les siens, et, dans une confiance folle, la possibilité de saisir la main qu'Il nous tend.

 

P. Pascal-Grégoire