Paroisse Notre Dame de l'Estuaire
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Paroisse Notre Dame de l'Estuaire
Prendre le temps de lire et de méditer la Parole de Dieu
17/03/2022
En cette très belle fête de saint Joseph, la liturgie ravive en nous l’appartenance du père nourricier de Jésus à la grande lignée des prophètes et des rois de Juda. Comme le rappelle Philippe Lefebvre dans ce livre magnifique consacré à « Joseph, l’éloquence d’un taciturne », la première fois que l’époux de Marie est officiellement interpellé,
c’est lors d’un songe et il l’est par l’ange qui s’adresse à lui en ces termes : « Joseph, fils de David » (Mt 1, 20). Etre fils de David, ce n’est pas seulement une donnée généalogique. C’est aussi un appel à ressembler à ce roi « selon le cœur de Dieu » (1 Sa 13, 14). Certes tous les descendants de David ne furent pas à l’image de David mais restait cette espérance que Dieu viendrait soutenir son peuple au creux de l’épreuve par l’envoi d’un second David. Ainsi Jérémie, près d’un demi-millénaire après la mort de David, annonçait de la part du Seigneur que les Israélites à nouveau « serviraient le Seigneur leur Dieu et David leur roi que je leur susciterai » (Jr 30, 9).
C’est déjà ce que le Seigneur dévoile au roi - maintenant vieillissant -, par l’entremise du prophète Nathan. En dépit de graves écarts de conduite dont il saura amèrement se repentir, David sera celui qui aura cherché constamment à marcher devant Dieu dans la fidélité, la justice et la droiture du cœur (1 R 3, 6). Ayant reçu l’onction divine, il est ce roi selon le cœur de Dieu. S’étant emparé de la ville de Jérusalem, il en fait sa capitale, y bâtit un somptueux palais et y fait monter l’Arche de l’Alliance. Que Jérusalem soit l’écrin qui accueillera le Lieu de la Présence comme le rappelle le psaume 131 : « Souviens-toi, Seigneur, de David et de sa grande soumission quand il fit au Seigneur un serment, une promesse au Puissant de Jacob : ‘Jamais je n'entrerai sous ma tente, et jamais ne m'étendrai sur mon lit, j'interdirai tout sommeil à mes yeux et tout répit à mes paupières, avant d'avoir trouvé un lieu pour le Seigneur, une demeure pour le Puissant de Jacob’. »
Par l’intermédiaire de son prophète, Dieu fait savoir qu’il agrée cette prière mais il n’appartient pas à un mortel - fusse David -, de décider des temps et des modes de l’action divine. Un autre viendra… Issu de la descendance de David, c’est ce dernier qui bâtira un Temple pour l’Éternel et ce Temple ne pourra se comprendre que comme la manifestation de la fidélité de Dieu à son projet de salut. Fidélité promise à David, à Abraham, à Noé et à toutes leurs descendances répandues sur tous les continents. Alors que le prophète Nathan invite crûment David à envisager sa mort toute proche, par trois fois, il parle de la « stabilité » que Dieu manifestera à la maison de David. Un temple fait de main d’homme pourra bien être ruiné, et même un second, la Maison de David continuera à porter et à incarner la promesse divine.
« Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse », chez toi, c’est-à-dire, dans ta maison, la Maison de David : « Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse. » Au cœur du fracas des histoires personnelles et collectives, le prophète est celui qui rend sensible et accessible la fidélité et la cohérence du projet divin à ceux et celles qui scrutent la Parole. Fils et filles de l’onction baptismale, comment serons-nous aujourd’hui cette demeure dont l’Éternel a promis la stabilité à nos Pères ?
P. Pascal-Grégoire