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Prendre le temps de lire et de méditer la Parole de Dieu

Faire jaillir la lumière !

04/03/2022

Faire jaillir la lumière !

Hier, Isaïe nous a mis en garde contre cette tentation insidieuse à chercher à faire pression sur Dieu, y compris à grands renforts de gestes religieux. Aujourd’hui, il vient nous partager ce que l’Éternel espère avant tout de nous. En tout premier lieu, que notre conduite quotidienne, dans l’ordinaire de nos jours, se fasse attentive à la vie de nos frères. 

Que notre volonté se mobilise entièrement pour l’aider à se remettre debout quand il avait été jeté à terre par les dures conditions des temps ou de la méchanceté de ses semblables : « Si tu fais disparaître de chez toi le joug, le geste accusateur... si tu donnes à celui qui a faim, ta lumière se lèvera dans les ténèbres et ton obscurité sera lumière de midi. » Cet appel à la mobilisation de tout notre être a de bien étranges consonances à la lueur du conflit qui se déroule en Ukraine.

 

Amener les ténèbres à se dissiper, à refluer par un surcroît d’amour… Ce que le prophète est en train de nous faire entrevoir, a quelque chose de totalement irréaliste, d’impensable, voire d’insupportable car il nous dit que cela dépend d’abord de notre cœur. Comme si notre cœur détenait quelque chose de la puissance proprement créatrice de Dieu. En effet, il n’appartient qu’à l’Éternel de faire triompher la lumière sur les ténèbres. Rappelons-nous l’hymne sainte de la Création : « La terre était informe et vide, les ténèbres étaient au-dessus de l’abîme et le souffle de Dieu planait au-dessus des eaux. Dieu dit : « Que la lumière soit. » Et la lumière fut. Dieu vit que la lumière était bonne, et Dieu sépara la lumière des ténèbres. Dieu appela la lumière ‘jour’, il appela les ténèbres ‘nuit’ » (Gn 1, 3-4). En écho au prophète Isaïe et en étendant cette parole jusqu’aux ennemis, Jésus ne dira pas autre chose dans l’Évangile : « Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, il fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. » (Mt 5, 44-35). 

 

Tel est le projet de Dieu pour les hommes. Qu’ils puissent être avec Lui des co-créateurs d’une terre nouvelle. Cela adviendra et advient par un mouvement profond du cœur de l’homme qui le rende attentif et bienveillant à ses frères. C’est une véritable révolution écologique du cœur qu’Isaïe requiert de ses contemporains. Dieu nous appelle à reprendre avec les plus fragiles, les plus petits – dont nous sommes aussi -, le magnifique chantier de la création : « Tu seras comme un jardin (un éden) bien irrigué, comme une source où les eaux ne manquent jamais. » Les exilés de retour de Babylone se plaignaient des difficultés matérielles qu’ils rencontraient en Judée. Etait quelque peu oubliée leur vocation première. Celle d’être le peuple-témoin d’une fraternité universelle.  Le prophète les encourage à renouer avec l’essentiel. S’ils se montrent attentifs aux plus petits, il leur sera aussi accordé comme en surcroît de rebâtir murailles et avant-murs dans la ville refondée. Ils seront  appelés« celui qui répare les brèches » ou encore « celui qui remet en service les chemins »… 

 

Sur cet horizon d’une fraternité re-choisie, l’épouvante du « moi d’abord » repoussé, l’Éternel aura grand plaisir à venir partager la prière et la liturgie qui lui sont dues : « si tu t’abstiens de voyager le jour du sabbat, de traiter tes affaires pendant mon jour saint… tu trouveras tes délices dans le Seigneur. » Comment à mon tour vais-je sanctifier ce temps du carême par un cœur plus fraternel, un cœur qui se fait proche et ose tendre la main ?

 

P. Pascal-Grégoire