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Chemin de Carême : Le Ciel, c'est les autres

03/03/2021

Chemin de Carême : Le Ciel, c'est les autres

Il est incroyable. Même en enfer où il n’est pas à la fête, le riche ne peut s’empêcher de donner des ordres : « envoie Lazare tremper le bout de son doigt dans l’eau pour me rafraîchir la langue. » Non seulement il avait été incapable de son vivant de voir Lazare qui agonisait devant sa porte mais, quand il lève les yeux et l’aperçoit de loin, c’est pour le faire bosser ! Certains feront remarquer qu’il n’est pas si mauvais que ça, ce riche qui se préoccupe de ces cinq frères. Et à nouveau de commander mais en essayant d’y mettre les formes : «Je te prie d’envoyer Lazare dans la maison de mon père. »

Et c’est bien là que réside le problème : il ne pense qu’aux siens, qu’à ceux qui lui ressemblent, se complaisant dans l’entre-soi comme il se complaisait hier encore dans les festins somptueux. Il voit bien maintenant Lazare, c’est un mieux, mais le riche ne le considère pas comme un auditeur digne de lui (il ne s’adresse qu’à Lazare), et s’il le voit, c’est juste comme un grouillot qui devrait se mettre au garde-à-vous et à son service. C’est cette distance qu’il a creusé avec soin pour se protéger des pauvres, ces êtres pouilleux et incommodants, et jouir en toute tranquillité de son luxe, qui a creusé le grand abîme qui le sépare maintenant du sein d’Abraham.

 

La parabole de Jésus n’est en rien une invitation à la résignation pour les pauvres dans l’espérance d’une récompense  post-mortem. Sûrement pas ! C’est un appel pressant à ouvrir les yeux et à reconnaître de façon urgente en Lazare notre frère. On pourra bien lire Moïse et les Prophètes, et même l’Evangile et Saint Paul, si nous considérons les autres comme des inutiles, des contrariants, au mieux des petits soldats à notre service, la Grâce divine ne pourra pas grand-chose pour nous.

 

La parabole de Jésus est une invitation urgentissime à ouvrir les yeux, non pas pour éviter ce qui est définitif (« ce lieu de torture ») mais pour nous ouvrir à la grâce de ce qui est de l’ordre de l’ultime : le don de la fraternité. Imaginons un instant une autre version de la parabole où le riche dirait : « Père Abraham, prend pitié de moi. Peux-tu demander à mon frère Lazare s’il veut bien tremper son doigt dans l’eau pour me rafraîchir la langue ? » Alors, il aurait vu s’effondrer les murs de l’enfer !

 

P. Pascal-Grégoire