Paroisse Notre Dame de l'Estuaire
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Paroisse Notre Dame de l'Estuaire
Prendre le temps de lire et de méditer la Parole de Dieu
28/02/2021
Tant par ses maladresses que ses frasques sans cesse renouvelées, le jeune moine était parvenu à épuiser les trésors de patience de ses frères. Combien de fois avait-on fait preuve d’indulgence à son égard ? Combien de fois lui avait-on laissé l’occasion de se ressaisir et de se rendre un tant soit peu digne du manteau sombre qu’il avait reçu au jour de sa profession religieuse ? Mais là, on l’avait retrouvé complètement saoul dans sa cellule et, en plus, au plein temps de Carême. C’était la goutte qui avait fait déborder l’amphore. Comment avait-il pu se procurer du vin, ici, dans le désert, à des dizaines et des dizaines de kilomètres au sud d’Alexandrie ? C’était trop. Il fallait que le scandale cesse…
Tant par ses maladresses que ses frasques sans cesse renouvelées, le jeune moine était parvenu à épuiser les trésors de patience de ses frères. Combien de fois avait-on fait preuve d’indulgence à son égard ? Combien de fois lui avait-on laissé l’occasion de se ressaisir et de se rendre un tant soit peu digne du manteau sombre qu’il avait reçu au jour de sa profession religieuse ? Mais là, on l’avait retrouvé complètement saoul dans sa cellule et, en plus, au plein temps de Carême. C’était la goutte qui avait fait déborder l’amphore. Comment avait-il pu se procurer du vin, ici, dans le désert, à des dizaines et des dizaines de kilomètres au sud d’Alexandrie ? C’était trop. Il fallait que le scandale cesse…
Il n’y avait qu’une solution. Le chasser une fois pour toute. Que la communauté retrouve sa paix et sa sereine unité. Les anciens prennent alors la décision de se réunir avant la synaxe (messe) du samedi soir pour signifier au mauvais plaisant son expulsion et, à la communauté, la fin du scandale. Mais comme la décision est grave, l’higoumène (supérieur) décide de prévenir le fondateur de la communauté, abba Macaire, qui vivait seul dans un ermitage à quelques distances du monastère. Qu’abba Macaire vienne lui aussi sanctionner de toute son autorité charismatique cette conduite honteuse et pécheresse…
Arrive le samedi soir. Les frères sont tous réunis dans la pénombre de l’église de briques crues. Y règne un silence religieux, le chant des psaumes n’a pas encore commencé à s’élever. Dans un coin se tient recroquevillé le pauvre bougre… La porte s’ouvre alors sur abba Macaire étrangement affublé. Il a fixé sur son dos un énorme sac dont du sable ne cesse de s’écouler au rythme des pas mal assurés du grand Vieillard. Il avance cassé en deux par le poids du sac, tendant curieusement sa main droite ouverte en avant, avec un peu de sable au creux de la paume. Il s’arrête, contemple longuement les grains de poussière en sa main, les place sous le nez des frères de plus en plus perplexes. La situation en devient gênante. L’higoumène fait signe à abba Macaire de parler.
« Vous m’avez fait venir pour condamner les fautes de ce jeune frère, alors que moi-même, je ne suis pas capable de voir mes propres péchés qui ne cessent de s’écouler sans cesse dans mon dos. Qui suis-je pour juger mon frère ? » On dit que ce soir-là, non seulement il fut redonné un frère aux moines de Scété, mais que les anges eux-mêmes vinrent chanter les psaumes avec le chœur des miséricordieux. « La mesure dont vous vous servez pour les autres servira de mesure pour vous. »
P. Pascal-Grégoire