Paroisse Notre Dame de l'Estuaire

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Paroisse Notre Dame de l'Estuaire

Carême 2022

Pas un veau d'or !

29/03/2022

Pas un veau d'or !

Après le rappel des dures conditions de l’exil à Babylone, la liturgie nous ramène comme par flash-back au temps de l’Exode et de la traversée du Sinaï. Mais la liturgie ne connaît en fait qu’un seul temps : le maintenant de l’appel de Dieu et de la réponse possible, espérée, de l’homme

. La liturgie qu’elle soit celle de l’eucharistie ou de notre prière quotidienne, nous offre cet espace unique où la durée de nos jours, peut entrer en contact avec l’éternité de Dieu. Un espace où nos vies deviennent comme tangentielles au don de Dieu. Un instant fugace, gratuit, il requiert alors toute notre attention, notre présence car demeure le risque de vouloir maintenir ouvert cet espace par des béquilles artificielles.

 

C’est ce qui s’est passé avec cette histoire de veau d’or. En fait, il devait plutôt s’agir d’un taureau en or… Rappelons-nous que les Hébreux venaient de quitter l’Égypte. Lorsque Moïse est monté sur la montagne, son absence a duré 40 jours. Un temps qui a paru une éternité au peuple resté dans la vallée avec peut-être même l’impression d’être abandonné, d’avoir à poursuivre seul ce chemin sans la présence du guide. Bien sûr Aaron était toujours avec eux mais ce n’était pas à lui que l’Éternel s’était manifesté au Buisson ardent. Ce n’était pas Aaron qui avait fait sortir Israël du pays d’esclavage… Alors quand on se sent perdu, on cherche à se rassurer et à mauvais escient souvent.

 

Dans les temples d’Égypte et du Proche-Orient, la présence des dieux était signalée par des statues de lions, de griffons ou de taureaux, statues qui leur servaient de repose-pieds. Et par les artifices des religions anciennes, les dieux étaient alors sommés de demeurer là où étaient leurs repose-pieds ! Une manière très pratique de s’assurer que les dieux ne feraient pas défaut et qu’ils resteraient bien à disposition de leurs adorateurs. C’est exactement à ce genre de rituel que les Hébreux se livrent dans la vallée. On ne sait pas ce qu’est devenu Moïse… On va assigner Yahvé à résidence et le ligoter à un veau d’or ! Colère du Trois Fois Saint : comme si on pouvait lier l’Éternel sur le dos d’un ruminant, comme si on pouvait entraver celui qui est souverainement libre ! Lui, le Libérateur, le Libérant… L’enchaîner à nos petites quêtes de confort et de réassurance !  

 

C’est faire du Seigneur un dieu à disposition, un dieu docile, une idole. Dieu lui-même en vient à se demander s’il pourra un jour arracher notre humanité à ses fantasmes de toute-puissance et à ses pseudo-assurances comme si elle maîtrisait les lois de l’univers et de l’éternité ! Cette incapacité congénitale de l’homme à faire confiance, à oser rivaliser avec Dieu en vient à exaspérer l’Éternel. Y aurait-il la tentation chez Dieu de rejeter alors Israël  pour recommencer à nouveaux frais avec de nouveaux partenaires ? Ce n’est possible plaide Moïse. Ton Amour est de toujours à toujours. La parole d’Alliance avec les Pères a été prononcée dans l’éternité du Présent divin. Alors Dieu trouva bon que Moïse lui rappelle qui Il était, que Moïse ose lui parler comme un véritable ami : « Le Seigneur renonça au mal qu’il avait voulu faire à son peuple. »

 

P. Pascal-Grégoire