Paroisse Notre Dame de l'Estuaire

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Carême 2022

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Terre des Vivants en vue

07/04/2022

Terre des Vivants en vue

Cette dernière étape est accompagnée par le prêtre Ézéchiel, l’homme de la « quatrième dimension ». Toutefois maintenant il n’est plus question de visions grandioses et énigmatiques. Il n’est question ni de Vivants, ni de roues célestes ou d’anges aux larges ailes déployées… 

 

Le prophète se fait toute ouïe à la Parole, la recueille en son cœur et la célèbre avec ce petit reste qui s’est établi près des fleuves de Babylone.  Le Seigneur leur annonce un temps où sera mis un terme à l’éparpillement douloureux des fils et des filles de l’Alliance, dispersés aux quatre coins de l’univers en raison de leur idolâtrie, de leur folle poursuite des richesses et des honneurs, d’une soif de puissance et de pouvoir… Le comble de l’infidélité avait été atteint avec la réalisation de deux Royaumes rivaux pour les fils d’une seule et même Alliance, deux Royaumes concurrents qui n’avaient pas hésité à entrer en guerre l’un contre l’autre, faisant appel à l’occasion à quelques roitelets idolâtres de Canaan. Comme le sacrement perverti de la fraternité, rivalité endémique et sanguinaire d’Abel et de Caïn, d’Isaac et d’Ismaël, de Jacob et d’Esaü… Et nous aujourd’hui…

 

Mais le prophète entend la Parole : « Je les rassemblerai de partout et les ramènerai sur leur terre. J’en ferai une seule nation dans le pays, sur les montagnes d’Israël. Ils n’auront tous qu’un seul roi ; ils ne formeront plus deux nations ; ils ne seront plus divisés en deux royaumes. » Le prophète voit les foules monter en pèlerinage, les mêmes qui demain à Jérusalem acclameront Jésus en chantant : « « Béni soit celui qui vient, le Roi, au nom du Seigneur. Paix dans le ciel et gloire au plus haut des cieux ! » (Lc 19, 38)… Il vient le Fils de David pour être leur berger, les conduire dans la paix et la fidélité à l’Éternel. Oui, le fils de David « sera leur prince pour toujours. Je conclurai avec eux une alliance de paix, une alliance éternelle. »

« Puis, ayant pris du pain et rendu grâce, Il le rompit et le leur donna, en disant : ‘Ceci est mon corps, donné pour vous. Faites cela en mémoire de moi.’ Et pour la coupe, après le repas, il fit de même, en disant : ‘Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang répandu pour vous’ » (Lc 22, 19-20). Une nouvelle Alliance en son sang, sang du fils de David, sang du Fils de Dieu. Et Ézéchiel continue de dévoiler le dessein divin : « Je les rétablirai, je les multiplierai, je mettrai mon sanctuaire au milieu d’eux pour toujours. Ma demeure sera chez eux, je serai leur Dieu et ils seront mon peuple. Alors les nations sauront que Je suis le Seigneur, celui qui sanctifie Israël,


lorsque mon sanctuaire sera au milieu d’eux pour toujours. » Ézéchiel contemple le mystère de la Présence divine qui veut se dire et se communiquer par ce peuple appelé et sanctifié dans le sang de la nouvelle Alliance. Un peuple qui n’existe que par le désir de Dieu de partager son amour à tous. C’est là notre histoire personnelle et collective, fragile et pérenne… Le mystère paradoxal d’une Église suscitée par l’Éternel qui ne cesse chaque jour secrètement d’en espérer fidélité et acquiescement à sa Parole… Alors les nations sauront que je Suis le Seigneur des Vivants.

 

P. Pascal-Grégoire

Ultime prière

06/04/2022

Ultime prière

Mais ce qui rendra cette douleur inconsolable ce sont les amis, qui non seulement l’abandonneront, mais participeront à son lynchage. Coupe amère et sans merci de la trahison à laquelle communie pareillement le psalmiste : « je vois dans la ville discorde et violence : de jour et de nuit, elles tournent en haut de ses remparts. Au-dedans, crimes et malheurs ; au-dedans, c'est la ruine : fraude et brutalité ne quittent plus ses rues. Si l'insulte me venait d'un ennemi, je pourrais l'endurer ; si mon rival s'élevait contre moi, je pourrais me dérober. Mais toi, un homme de mon rang, mon familier, mon intime ! Que notre entente était bonne, quand nous allions d'un même pas dans la maison de Dieu ! » (Ps 55).

 

L’échec du prophète ne sera pas que le fruit de l’acharnement de ses adversaires. Il réalise, horrifié et impuissant, que ceux qui partageaient son quotidien et ses rêves, se sont dressés contre lui : « Tous mes amis guettent mes faux pas, ils disent : ‘Peut-être se laissera-t-il séduire…’ Nous réussirons, et nous prendrons sur lui notre revanche ! »  A quelle nécessité ou à quelle urgence affolée se sont laissés aller les proches du prophète ? Se sont-ils dévoyés par jalousie comme le proclame Jérémie, lui reprochant non son ascendant sur le peuple mais sa prétention à se présenter comme l’ami de Dieu. Peut-être se sont-ils éloignés de lui parce que sa parole leur apparaissait insupportable et inacceptable ?

 

Alors la prière du prophète se rassemble pour s’abîmer dans l’attention de l’Éternel : « Seigneur de l’univers, toi qui scrutes l’homme juste, toi qui vois les reins et les cœurs, fais-moi voir la revanche que tu leur infligeras, car c’est à toi que j’ai remis ma cause. » Le prophète en est sûr. Jamais l’Éternel n’abandonnera celui qui, coûte que coûte, lui a fait confiance jour après jour, essayant de faire passer en sa propre vie quelque chose du désir de Dieu pour notre monde, accordant son souffle à cette respiration profonde faite d’adoration et d’action de grâce.

 

Au cœur de l’épreuve, le prophète en vient à exulter : « Chantez le Seigneur, louez le Seigneur : il a délivré le malheureux de la main des méchants. » A l’heure de la trahison, l’Autre Prophète réunira une dernière fois les siens pour leur partager le pain et le vin à l’image de sa vie rompue sur la croix. Dans son ultime et insistante prière, par ses mains blessées, il présentera le sort des méchants : « Père, pardonne-leurs. Ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23, 24).   

 

P. Pascal-Grégoire

 

Ton nom pour toujours

05/04/2022

Ton nom pour toujours

 En revenant au cycle de celui qui se nomme encore Abram, nous découvrons qu’il est un homme encore en attente, en incomplétude, qui se bat avec sa finitude et finalement avec la mort.

 

Certes Dieu l’a bien appelé, et à plusieurs reprises, et Abram lui a répondu, loyalement, généreusement. Mais il a maintenant 99 ans et si Dieu n’a cessé, et à de multiples reprises, de lui promettre une descendance qui serait source de bénédiction pour toutes les nations, Abram n’a toujours pas d’héritier légitime. Il a bien un neveu, Lot, mais c’est un triste sire, un peu palot, qui pour l’instant goûte avec sa femme et sa famille au confort high-tech de Sodome. Il a bien eu un enfant, illégitime, de l’esclave Hager mais cet enfant est né de l’initiative de son épouse Saraï, pas de la demande de l’Éternel. Son héritage sera pour un lointain parent, Eliezer de Damas. A son arrivée en Canaan avec son clan, il y eut la famine, la nécessité de descendre en Égypte en migrants, le retour et la nomadisation dans le Néguev et les guerres à mener contre les petits royaumes locaux. Pas vraiment une vie rêvée. Les promesses de l’Alliance semblent bien lointaines, voire illusoire.

 

C’est à cet homme marqué dans sa chair, peut-être amer ou désillusionné quant à la promesse faite par l’Éternel, un Éternel d’ailleurs devenu bien silencieux depuis plus de 20 ans, que la Parole va s’adresser. A cet homme tout juste bon pour la mort, une nouvelle fois, le Seigneur apparut. Il est dommage que notre péricope liturgique ne nous fasse pas entendre la parole inaugurale qui accompagne cette soudaine théophanie : « C’est moi le Dieu Puissant. Marche en ma présence et sois intègre. Je veux te faire don de mon alliance entre toi et moi, je te ferai proliférer à l’extrême » (Gn 17, 1-2). C’est à cet homme au trois quarts mort que l’Éternel ordonne de marcher et de vivre. A cet homme sans enfant légitime qu’il promet une descendance infinie et plus, encore… La promesse  non plus de faire alliance avec lui, mais de lui donner son alliance. L’Alliance comme un présent.

 

Il ne s’agit pas de récompenser la fidélité d’Abraham. Ce serait bien trop peu, trop petit, trop mesquin  pour Dieu. Dieu vient habiter la fidélité même d’Abraham et de son épouse. Dans leur extrême vieillesse, vient exploser une vie nouvelle, la naissance ô combien inattendue d’Isaac. C’est bien pour cela qu’ils doivent changer leur nom et devenir des êtres nouveaux, mieux, des êtres neufs. C’est bien là l’expérience de la Pâque, l’expérience du baptême, l’expérience du surgissement de la vie divine au cœur de la mort et de la caducité. Ton nom est d’être vivant au sein d’une alliance éternelle. 

 

P. Pascal-Grégoire

Un autre est avec eux

04/04/2022

Un autre est avec eux

 L’ordre en avait été donné on ne peut plus clairement et universellement. Le roi ordonna : «  rassemblez les satrapes, les préfets, les gouverneurs, les conseillers, les trésoriers, les juges, les magistrats et tous les fonctionnaires des provinces, pour qu’ils viennent à l’inauguration de la statue érigée par le roi Nabuchodonosor. » Une fois tous rassemblés, le crieur public proclama avec force : « Vous, peuples, nations et gens de toutes langues, on vous l’ordonne : ‘Quand vous entendrez le son du cor, de la flûte, de la cithare, de la harpe, de la lyre, de la cornemuse et de toutes les sortes d’instruments, vous vous prosternerez et vous adorerez la statue d’or que le roi Nabuchodonosor a érigée. Celui qui ne se prosternera pas et n’adorera pas sera jeté immédiatement au milieu d’une fournaise de feu ardent. » (Da 3, 2…6). Les musicologues se demandent encore à quoi pouvait ressembler l’effet sonore produit par la fanfare mobilisée pour l’occasion…

 

Les jeunes fonctionnaires dont les délateurs avaient bien spécifié qu’ils appartenaient au peuple des Juifs, sont conduits en présence du roi. Celui-ci les interroge personnellement car il les connaît et leur a confié de grandes responsabilités dans l’administration de la province de Babylone. Nous avons entendu la réponse des jeunes Hébreux, à la fois humble et ferme. Pour les fils de l’Alliance, il n’est pas possible de servir d’autres dieux que l’Éternel. Et cet acte de foi : « Si notre Dieu, que nous servons, peut nous délivrer, il nous délivrera de la fournaise de feu ardent et de ta main, ô roi.  Et même s’il ne le fait pas, sois en bien sûr, ô roi : nous ne servirons pas tes dieux. » Ce n’est pas pour rien que les premiers chrétiens ont reconnu dans ces jeunes Hébreux les prémices des premiers  martyrs de l’Église. Il n’est pas possible pour les croyants d’adorer un pouvoir politique quel qu’il soit. Le monde de César appartient à la sphère des créatures. Il ne relève en rien du mystère et de la transcendance du Créateur.

 

Mais si la liturgie de ce jour a souhaité nous faire réentendre et méditer cette page du Livre de Daniel en cette dernière semaine de Carême, c’est pour nous rappeler de manière vive cette manière unique qu’a eu Dieu pour intervenir en faveur des siens. Il ne foudroie pas le roi impie, il ne déverse pas les réserves d’eaux célestes sur la fournaise, mais par son envoyé, il rejoint les siens à l’heure de l’épreuve. Au cœur de la mort, sont suscités une communion et un chant d’action de grâce qui libèrent de leurs liens ceux qui devaient être anéantis et réduits en cendres. 

 

Comme l’a si bien écrit Paul Claudel, « en Jésus-Christ, Dieu n’est pas venu expliquer la souffrance, mais il est venu la remplir de sa Présence. » Et il en va ainsi de la violence, de l’injustice, de l’absurde. Mystère du calvaire où Dieu se tient-là en son Fils, condamné parmi les condamnés, maudit parmi les maudits, sans un mot de protestation ou une rhétorique de justification. Être là, juste là. A partager l’impuissance qui vrille, le désespoir qui empêche de relever son visage, la souffrance indicible qui vous arrache à vous-même. Et cette Présence ne peut être que vie et communion. Ô Mort, où est ta victoire ? Dieu lui-même est descendu en ton néant pour nous conduire à la vie. 

 

P. Pascal-Grégoire

 

Le signe du maudit

03/04/2022

Le signe du maudit

 Mille obstacles se dressent pour entraver la progression du peuple mais les périls les plus mortels renaissent sans cesse du cœur même des Hébreux : plaintes, révoltes, désobéissances, amertumes… Le peuple ne connaît plus la faim car tous les matins il fait sa provision de manne au goût de coriandre. Mais on évoque à voix haute et avec regret la viande  et le poisson du Nil, les concombres, les pastèques, les oignons et l’ail en oubliant les coups de fouets des garde-chiourmes qui agrémentaient le quotidien de leur vie d’esclaves. Et l’Éternel fit pleuvoir des vols de cailles qui s’abattirent sur les campements d’Israël. 

 

Peu de temps après, par l’envoi d’émissaires en Terre de Canaan, Dieu leur montra la richesse et la fécondité des terres qu’il allait leur donner, un pays de lait et de miel où abondent le raisin, les grenades et les figues. Mais là encore le peuple fit grise mine : trop dangereux de se risquer dans un pays déjà habité, et il refusa d’avancer plus en avant. Dieu ne sait plus quoi faire et se sent blessé devant tant d’ingratitude et de défiance. Cette génération au cœur oublieux ne pourra entrer dans la Promesse, la mémoire trop incertaine des merveilles de Dieu. Peuple étonnant et déroutant qui pour avoir expérimenté la tendresse et la force de Dieu se croit dispensé de tout effort quotidien comme de ses responsabilités personnelles et sociales. Dans ce surplace tant géographique que spirituel, des cris de révolte fusent habités de mille rancœurs et de frustrations ressassées.  

 

Ce fut le temps des serpents brûlants. Mais derrière ces reptiles à la morsure mortelle se dresse l’autre serpent, l’antique ennemi, celui de la Genèse qui insuffla au premier couple la méfiance et la jalousie à l’égard de son Créateur. Quiconque méprise la vie et l’amour, s’offre aux sirènes de la mort : « beaucoup en moururent dans le peuple d’Israël. Le peuple vint vers Moïse et dit : ‘Nous avons péché, en récriminant contre le Seigneur et contre toi. Intercède auprès du Seigneur pour qu’il éloigne de nous les serpents. » Moïse fit un serpent de bronze qu’il hissa au sommet d’un mât et le symbole même de leur désobéissance devint le lieu d’une guérison pour ceux et celles qui faisaient confiance à la  parole transmise par Moïse.  Le signe de la punition devenait la source du salut.

 

« De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé » (Jn 3, 14). A mots couverts et choisis, Jésus évoque sa mort à venir, celle réservée aux « maudits » de Dieu selon le Livre du Deutéronome (20, 3), celle qui lui donnera de faire corps avec cette malédiction pour nous délivrer de toute malédiction ancienne, présente ou avenir (Ga 3, 13). La mort du Fils nous assure que la colère de Dieu a été écartée à jamais de nous, quelles que soient notre gratitude ou notre ingratitude. Bien plus,  continue Jésus, ce signe sera infiniment plus qu’une guérison passagère dans l’épuisement de nos vies, bien autre chose car  « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. » (Jn 3, 16-17). 

 

P. Pascal-Grégoire

Salut de ceux qui espèrent

02/04/2022

Salut de ceux qui espèrent

Suzanne dont le nom signifie « Lys » en hébreux, est la femme, « très belle et craignant Dieu » d’Iokim, un déporté à Babylone. Accusée d’adultère par deux vieillards libidineux qui s’étaient efforcés en vain de la séduire, elle est condamnée à mort injustement et emmenée pour être lapidée. 

 

Ce qui est étonnant d’emblée, c’est que le peuple dans sa totalité condamne Suzanne sans autre forme de procès. Il est vrai qu’il a été informé de l’inconduite supposée de la jeune femme par deux hommes qui appartiennent au groupe des « Anciens », une assemblée qui est la lointaine ancêtre du Sanhédrin de Jérusalem. Ces Anciens sont censés être des sages, vertueux, attentifs au respect de la Loi. En fait, ils se conduisent comme deux Tartuffe cherchant maintenant à noyer dans le sang la voix de celle qui pourrait démasquer leurs menées impies. Et personne ne prête attention à la prière de Suzanne. Personne… sinon l’Éternel !

 

La réponse de l’Éternel ne sera ni dans la tempête, ni dans le tremblement de terre. La Parole de Dieu s’incarnera dans la voix d’un tout jeune homme qui ne supporte pas le mensonge, qui n’est que frémissement devant ces menées homicides, révolté contre ces loups qui hurlent en bande. Daniel n’a que sa voix et son courage car grand est le risque d’être déchiqueté à son tour par la foule survoltée par la perspective d’une mise-à-mort et l’aveuglement de sa bien-pensance. L’Esprit du Seigneur fait de Daniel un prophète et un témoin de la réprobation de Dieu face à la malhonnêteté et la violence des hommes.  Et Daniel de faire appel à quelque chose qui continue à habiter la mémoire des hommes : l’aspiration à la vérité, le refus de chosifier l’autre… Rappeler que cette pitoyable femme condamnée à servir d’exutoire à toutes ces tensions qui traversent la communauté des exilés, est d’abord et avant tout une fille d’Israël et leur sœur. La parole du prophète rend la vue à ses frères.

 

Dieu se dit par la parole de son prophète, fait corps avec lui dans la cohérence et la protestation de sa vie. La parole du prophète rend aussi accessible à ses compagnons leur aspiration enfouie à la fraternité et la dignité offerte par l’Éternel. Un larron condamné à mort découvre son sauveur dans un agonisant torturé à mort, un officier au cœur cuirassé reconnaît le Fils de Dieu dans un rejeté de son peuple, un membre du Sanhédrin pointilleux son libérateur dans les ultimes soins prodigués au cadavre d’un maudit crucifié… La prière du supplicié s’élève dans l’air glacé : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné… » Et la prière du psaume 21 se poursuit sur les lèvres muettes des disciples : « Vous qui le craignez, louez le Seigneur, glorifiez-le, vous tous, descendants de Jacob, vous tous, redoutez-le, descendants d'Israël. Car il n'a pas rejeté, il n'a pas réprouvé le malheureux dans sa misère ; il ne s'est pas voilé la face devant lui, mais il entend sa plainte. Tu seras ma louange dans la grande assemblée ; devant ceux qui te craignent, je tiendrai mes promesses… Et moi, je vis pour lui : ma descendance le servira ; on annoncera le Seigneur aux générations à venir. On proclamera sa justice au peuple qui va naître : Voilà son œuvre ! »  

 

P. Pascal-Grégoire