Paroisse Notre Dame de l'Estuaire
11 bis place des Halles - 17120 Cozes
paroissecozes@gmail.com
05 46 90 86 55
Paroisse Notre Dame de l'Estuaire
21/12/2022
« Ainsi parle le Seigneur Dieu : Voici que j’envoie mon messager pour qu’il prépare le chemin devant moi ; et soudain viendra dans son Temple le Seigneur que vous cherchez. Le messager de l’Alliance que vous désirez, le voici qui vient, – dit le Seigneur de l’univers… Alors, l’offrande de Juda et de Jérusalem sera bien accueillie du Seigneur, comme il en fut aux jours anciens, dans les années d’autrefois. » Toutes les traditions d’Israël l’attestaient, y compris les plus anciennes comme celle rappelée par Malachie, douzième et dernier des Petits Prophètes, écrivant après le retour de l’Exil à Babylone : Dieu avait fait monter Elie auprès de lui sur un char de feu pour l’envoyer en avant lorsque les temps seraient accomplis.
Elie, le prophète farouche et sans concession surgi naguère aux temps fastueux de la Royauté d’Israël. Pas de femme auprès de cet athlète du désert ou alors c’est la rivale impitoyable, la païenne Jézabel de Tyr, l’épouse du roi Achab, dont Élie prophétise la chute et le châtiment divin : « Les chiens dévoreront Jézabel sous les murs de la ville de Yizréel ! « (1 R 21, 9). Donc pas de femmes porteuses de l’espérance de Dieu dans la geste d’Élie ?
Ce serait oublier cette autre femme, admirable, une païenne pourtant que l’Éternel lui-même désigne à Élie alors que s’étend la sécheresse qui transforme en désert la Terre de la Promesse : « Lève-toi, va à Sarepta, dans le pays de Sidon ; tu y habiteras ; il y a là une veuve que j’ai chargée de te nourrir » (1 R 17, 9). Dieu s’est donc trouvé une auxiliatrice en cette femme de Sidon (la patrie de Jézabel !) pour sauver son prophète, et, par son entremise, garder sauf l’avenir de son peuple. Nous connaissons tous la générosité sans mesure de cette veuve, prête à partager le très peu qu’elle a avec son fils unique et cet étranger. Une bonté d’âme qui contraste singulièrement avec l’attitude déterminée et sans concession d’Élie qui a provoqué la sécheresse dans sa croisade contre les tièdes d’Israël. Un nouveau miracle d’Élie permet de faire face à la disette. Mais l’enfant de la veuve meurt. Et la femme de dire au prophète bien en face ce qu’elle pense de lui et de sa religion des parfaits. Et Dieu la soutient ! Trop de miracles tuent le miracle. La veuve de Sarepta explique à Élie que s’il est bien un « homme de Dieu » comme le signifient les prodiges qu’il accomplit, elle, une simple femme, l’a payé de la mort de son fils. Élie va implorer l’Éternel de rendre la vie à l’enfant (1 R 17-22) et Dieu ressuscite l’enfant. Car enfin, Élie s’est laissé fléchir en osant croire à la Miséricorde Divine. Dès lors, Dieu peut faire cesser la sécheresse que son prophète avait provoquée : « Va, présente-toi devant Achab et Je rendrai la pluie à cette contrée » (1 R 18, 1). Une femme, une païenne, une étrangère, une sans-nom et sans-grade mais que Dieu a su voir et qu’il a associée à son œuvre de salut.
Les sages d’Israël nous disent que le fils de la veuve se nommait Jonas. Notre Jonas, celui de la baleine, le prophète réticent de Ninive, le fils spirituel d’Élie par son intransigeance, mais témoin de la miséricorde infinie de l’Éternel par sa mère. Plus tard, bien plus tard, des scribes et des gens très religieux s’adresseront au Fils de la Promesse pour le mettre à l’épreuve : « Maître, nous désirons que tu nous fasses voir un signe » (Mt 12, 38) mais lui ne les renverra qu’au signe de Jonas : seul l’accueil et la foi en la Miséricorde divine nous conduiront par-delà la nuit de la mort et de la peur. Et une femme au temps d’Élie, une pauvre selon le cœur de Dieu, en fit l’expérience, elle qui entendit la première : « Ton fils est Ressuscité ! »
P. Pascal-Grégoire