Paroisse Notre Dame de l'Estuaire

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La femme de Manoah, le bon sens au service de la foi

17/12/2022

La femme de Manoah, le bon sens au service de la foi

« En ces jours-là, il y avait un homme de Soréa, du clan de Dane, nommé Manoah. Sa femme était stérile et n’avait pas eu d’enfant. L’ange du Seigneur apparut à cette femme et lui dit : « Tu es stérile et tu n’as pas eu d’enfant. Mais tu vas concevoir et enfanter un fils… C’est lui qui commencera de sauver Israël de la main des Philistins. »     La femme s’en alla dire à son mari : « Un homme de Dieu est venu me trouver ; il avait l’apparence d’un ange de Dieu tant il était imposant. » Ainsi commence la geste de Sanson, le dernier Juge sur les tribus d’Israël. A nouveau, l’Éternel, Béni soit son Nom, rejoint une histoire de couple frappé par la stérilité et advient alors une annonciation angélique semblable à celle dont avait bénéficié Agar, la servante de Sarah. L’heure est grave.

 Le plan de Dieu est sans arrêt contesté, attaqué par les Nations. Dieu se décide à envoyer un sauveur pour son peuple menacé par ses ennemis les plus coriaces, ces Philistins, descendants des Peuples de Mer, qui s’étaient installés sur la plaine côtière d’Israël, un sauveur sur qui reposera l’Esprit du Seigneur. Mais lorsque l’Eternel se décide à intervenir dans nos histoires, il s’interdit toujours d’agir seul, en Maître absolu de nos destinées, ce qu’il serait en droit de faire. Par respect de sa création, il sollicite toujours l’aide et le consentement de sa créature.

 

Ainsi l’épouse de Manoah. Le fils qui lui naîtra, sera un consacré, un nazir : « Le rasoir ne passera pas sur sa tête, car il sera voué à Dieu dès le sein de sa mère » (Jg 13, 5) mais elle-même est associée à l’initiative divine car l’ange lui adjoint dès maintenant de renoncer à une alimentation quelconque : « tu vas concevoir et enfanter un fils. Désormais, fais bien attention : ne bois ni vin ni boisson forte, et ne mange aucun aliment impur » (Jg 13, 4). De son choix à elle dépend maintenant l’accomplissement du projet divin. Mais la femme sait bien qu’elle n’existe qu’en relation, que son histoire personnelle est indissociable de celle de son couple et de son clan. Aussi court-elle prévenir son époux… Et là, Dieu a fort à faire avec nos petitesses et nos manques de confiance. Car l’homme hésite, demande à voir l’envoyé mystérieux et à se faire répéter, mot par mot, les instructions concernant l’enfant. Que l’ange du Seigneur vienne à lui ! Dieu est bon prince mais quand même… L’ange du Seigneur apparaît à nouveau mais toujours à la femme : que le sieur Manoah daigne bien se bouger et se déplacer jusqu’à lui… Bien qu’ayant maintenant reçu tous les gages désirés, Manoah reste sceptique jusqu’à ce que le message disparaisse dans les flammes d’un sacrifice ! Se rendant compte de sa balourdise, il prend peur et pense qu’il va mourir pour avoir vu Dieu ! Il faut tout le bon sens – et la foi - de sa femme pour le ramener à la raison en soulignant l’absurdité de sa réaction : si Dieu a de tels projets pour eux, pourquoi irait-il les faire périr (Jg 13, 23) ? 

 

Ce que la Bible semble nous dire, c’est que Dieu s’accorde à placer sa confiance en des hommes et des femmes qu’ils soient de bonne ou de moins bonne foi. Il sait bien que nous ne sommes pas tous des monuments de confiance et cela ne semble pas le déranger plus que cela. L’histoire de la tribu de Dan, la tribu de Manoah en témoigne : se jugeant trop à l’étroit dans son territoire au sud-ouest de Bethléem, les Danatiques émigreront vers le nord de la Terre Promise pour s’établir dans les monts qui surplombent les sources du Jourdain. C’est de là, qu’une femme de leur clan, une femme qui ne devait pas avoir d’enfant, épousa un charpentier de Tyr à qui elle donnera un fils, Hiram, qui sera l’architecte en chef du grand Temple de Jérusalem à l’époque de Salomon (2 Chr 2, 14). Pour accompagner notre humanité rétive vers Sa rencontre, Dieu se donne du temps. C’est probablement cela qui explique la parole énigmatique de l’ange à la femme de Manoah : « C’est lui qui commencera de sauver Israël de la main des Philistins » (Jg 13, 6). « Commencera… » Comme si Dieu regardait déjà plus loin et faisait allusion à un autre sauveur qui, Lui, accomplira parfaitement l’œuvre pour laquelle il a été envoyé. Dieu se donne le temps d’attendre ce moment unique où il trouvera une jeune femme et un jeune homme dont le cœur et la foi seront pleinement accordés à son projet.

 

P. Pascal-Grégoire