Paroisse Notre Dame de l'Estuaire

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Rebecca. Servir le projet de Dieu

10/12/2022

Rebecca. Servir le projet de Dieu

« Que tes tentes sont belles, Jacob, et tes demeures, Israël ! Elles s’étendent comme des vallées, comme des jardins au bord d’un fleuve ; le Seigneur les a plantées comme des aloès, comme des cèdres au bord des eaux ! Un héros sortira de la descendance de Jacob, il dominera sur des peuples nombreux. » La prophétie-bénédiction de Baalam, fils de Béor, un étonnant personnage dont l’archéologie a tout récemment démontré l’importance sur les populations païennes d’outre-Jourdain, rappelle l’opiniâtreté de Dieu à faire triompher son projet quoi qu’il en soit des obstacles qui se dressent contre sa volonté de vie. Pour convaincre Balaam l’idolâtre de bénir les fils de Jacob, ne devra-t-il pas donner la parole à une ânesse (Gn 22, 22) ? 

Mais l’Éternel, Béni soit son Nom, doit aussi faire avec les fragilités et les aléas de ses créatures. Le fils de la Promesse a été donné à Abraham après bien des années de stérilités pour Sarah et il s’agit maintenant de bien marier celui par qui l’Alliance doit se perpétuer. Serments et prières préludent à la recherche de la promise, et le serviteur le plus vieux d’Abraham est envoyé à Aram, le pays des deux fleuves. A l’étape, le soir venu, il a fait baraquer les chameaux et s’est dirigé vers le puits. « De grâce, donne-moi à boire. » La jeune fille ne semble pas offusquée par la demande de l’étranger et offre même d’abreuver les chameaux. 

 

C’est le signe qu’attendait le serviteur pour que Yahvé lui fasse connaître l’épouse qui conviendrait à Isaac entre toutes les femmes de la terre d’Aram. Et la jeune fille est de la parenté d’Abraham. Devant tant de coïncidences et de signes, le frère de Rebecca ne peut que s’incliner : « Le Seigneur s’est prononcé, ce n’est pas à nous de décider. Voici Rébecca devant toi : emmène-la, et qu’elle devienne l’épouse d’Isaac le fils de ton maître, comme l’a dit le Seigneur. » (Gn 24, 50-51). Nouvelle difficulté, en ce clan ami de Yahvé, on tient compte de la volonté de la jeune femme et on lui demande si elle accepte de partir avec le serviteur d’Abraham. Rebecca s’empresse d’accepter. Mission accomplie. Enfin presque… Isaac l’épouse mais Rebecca se révèle stérile. Dieu une nouvelle fois intervient : « Le Seigneur exauça Isaac : sa femme Rébecca devint enceinte. Comme ses fils se heurtaient dans son sein, elle dit : ‘S’il en est ainsi, à quoi suis-je bonne ?’ et elle alla consulter le Seigneur » (Gn 25, 22). Pourquoi faut-il que la vie soit pénible et compliquée même en présence du Seigneur ? Et le Seigneur répondra à Rebecca par une prophétie qui sera aussi une mission pour elle : « Deux nations sont dans ton ventre. Deux peuples différents sortiront de tes entrailles : l’un sera plus fort que l’autre, et le grand servira le petit » (Gn 25, 23). 

 

C’est par fidélité à cette parole que Rebecca un jour en viendra à pousser Isaac à usurper la bénédiction paternelle qui revenait à l’aîné Esaü. Et pourtant elle les aimait tous les deux, l’homme du désert et l’homme des endroits habités, l’homme couvert de poils et des places publiques, celui qui se nourrit de mets sauvages et celui qui fréquente les noces joyeuses. Le plus jeune sera-t-il toujours le rival de l’aîné dans nos histoires de fraternités conflictuelles ? Un jour viendra où les fils de Rebecca pourront aller d’un même pas : « Parmi ceux qui sont nés d’une femme, personne ne s’est levé de plus grand que Jean » dira le plus jeune et l’ainé répondra : « L’ami de l’époux se tient là, il entend la voix de l’époux, et il en est tout joyeux. Telle est ma joie : elle est parfaite » (Jn 3, 30). Alors les fils de Rebecca aux tentes innombrables vivront à jamais de la bénédiction du Père.

 

P. Pascal-Grégoire