Paroisse Notre Dame de l'Estuaire

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Sarah à la source des étoiles

28/11/2022

Sarah à la source des étoiles

« Si de ta bouche, tu affirmes que Jésus est Seigneur, si, dans ton cœur, tu crois que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, alors tu seras sauvé. Car c’est avec le cœur que l’on croit pour devenir juste, c’est avec la bouche que l’on affirme sa foi pour parvenir au salut » (Ro 19, 9) nous rappelle saint Paul en cette fête du Protokaléos (le « Premier Appelé » selon la tradition byzantine) et si la Lettre aux Hébreux nous présente Abraham comme le modèle par excellence du croyant, elle loue de la même manière la foi de son épouse, seule figure féminine dans ce célèbre passage où sont évoqués les hérauts de la foi :

 « Grâce à la foi, Sarah, elle aussi, malgré son âge, fut rendue capable d’être à l’origine d’une descendance parce qu’elle pensait que Dieu est fidèle à ses promesses. C’est pourquoi, d’un seul homme, déjà marqué par la mort, a pu naître une descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que le sable au bord de la mer, une multitude innombrable » (Hb 11, 11-12). Et la profession de foi de Sarah commence par un éclat de rire que beaucoup de commentateurs prennent pour une manifestation d’incrédulité : « Elle se mit à rire en elle-même ; elle se disait : « J’ai pourtant passé l’âge du plaisir, et mon seigneur est un vieillard ! » (Gn 18, 12). Mais attention lisons bien !

 

Il est dit que Sarah qui se tient « dans la tente », peut-être une image de la vie intérieure, « se mit à rire en elle-même » et Dieu seul est témoin de ce rire. Sarah peut répondre sans effronterie à son époux qu’elle n’a pas ri. Toutefois devant l’insistance d’Abraham qui lui rapporte la parole de Yahvé et qui, de fait, n’a pas entendu rire sa femme, Sarah comprend que c’est bien l’Éternel qui s’est rendu présent à l’intime de son cœur, dans le Saint des saints de sa vie intérieure. Et c’est pour cela que le texte nous dit qu’elle eut peur : « Sarah nia en disant : « Je n’ai pas ri », car elle avait peur. Mais le Seigneur répliqua : « Si, tu as ri. » (Gn 18, 15). Sarah n’a pas douté de la puissance du Seigneur mais de sa propre capacité à entrer le projet de Dieu : « elle se disait : « J’ai pourtant passé l’âge du plaisir, et mon seigneur est un vieillard ! » Alors au cœur de cette expérience singulière, Dieu entre directement en dialogue avec Sarah. C’est la première fois que l’Éternel, Béni soit son Nom, s’adresse à une femme dans la Bible depuis l’épisode pénible avec Eve et Adam (un peu plus tôt dans le même Livre de la Genèse, Dieu s’était aussi adressé à la servante Hagar mais cela avait été réalisé par l’entremise de son ange). La Parole de Dieu est sans réplique : « Si, tu as ri. » Ni condamnation, ni blâme. L’invitation faite à Sarah de retourner au lieu de son cœur, là où elle a éprouvé pour la première fois le vertige de la Présence. 

 

A l’époque fixée, au moment annoncé, Dieu reviendra comme il l’a dit. L’annonce de son retour est sans détour. Un enfant sera né à Sarah à ce moment-là. Le temps d’Abraham et de son épouse cessera d’être cette durée sans fin qui s’écoule, sans relief, sans attente, ni repère à l’image du désert qui les entoure. Leur histoire devient maintenant grosse d’une promesse, toute orientée d’une espérance. Abraham et Sarah auront un fils. La Parole de Dieu fixe et rend présent le temps de Dieu en sa création et elle l’offre à l’homme et à la femme. Ta descendance, Sarah, sera aussi nombreuse que les étoiles du ciel.

 

P. Pascal-Grégoire