Paroisse Notre Dame de l'Estuaire
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Paroisse Notre Dame de l'Estuaire
27/11/2022
« Il arrivera dans les derniers jours que la montagne de la maison du Seigneur se tiendra plus haut que les monts, s’élèvera au-dessus des collines. Vers elle afflueront toutes les nations et viendront des peuples nombreux. Ils diront : ‘Venez ! Montons à la montagne du Seigneur, à la maison du Dieu de Jacob !’ » Et tu contemples, Eve, tous ces peuples, venus de l’Orient et de l’Occident, du Midi et du Septentrion, toi que la Parole de Dieu nomme la « mère des vivants », toi que les antiques généalogies placent en tête de tous les clans et peuples qui constitueront notre humanité.
Tu sais les heurs et malheurs de tes enfants au gré de leurs pérégrinations volontaires ou non, leurs difficultés à exister les uns avec les autres, leurs aspirations communes à pouvoir souffler et aimer, leurs capacités à tourner leurs regards vers le ciel et à espérer… Car en toi et en ton compagnon repose la vocation première de notre humanité : «Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme » (Gn 1, 27). Que votre communion à tous les deux soit célébration et manifestation de la présence de l’Éternel en notre monde.
Et pourtant que n’a-t-on dit et maudit de toi, Eve ! Pour un moment d’inattention à la Parole de Vie, pour un manque de confiance, pour un désir insensé de vivre en dehors de la seule relation qui nous fait pleinement exister, tu as plongé dans la peur et l’insatisfaction. Et nous, tes enfants, nous t’en voulons car nous ne reconnaissons que trop en nous ces mécaniques de peur et ces puériles tentatives de n’exister que pour nous et par nous. Condition infernale des hommes rétrécis à leurs propres appétits égoïstes et étroits. Mais Eve, tu as aussi conduit l’Éternel à imaginer l’inimaginable du don d’une confiance rétablie au sein de nos replis et de nos dérobades. Une parole d’Alliance rétablie par la grâce d’un cœur qui écoute et qui accueille. Pour tous ces frères et ces sœurs en humanité. Au nom de tous les clans et de tous les peuples de la terre. Alors l’Éternel se retourna vers ce mystère de néant qui te fit trébucher, Eve, et s’adressant à lui : « Je mettrai une hostilité entre toi et la femme, entre ta descendance et sa descendance : celle-ci te meurtrira la tête, et toi, tu lui meurtriras le talon » (Gn 3,15). Car c’est bien de ta descendance, Eve, que naîtra Celui qui, dans la nuit de Pâques, te saisira par la main pour te conduire avec Adam jusqu’à l’éblouissante communion qui demeurera à jamais.
Apprends-nous, Eve, à garder précieusement au fil de nos mémoires fuyantes et de nos histoires blessées et blessantes la promesse de cette communion offerte, la possibilité de grandir dans la bénédiction première et originelle qui fut prononcée sur chacune de nos vies, sur toutes vies humaines car l’Éternel, Béni soit son Nom, vit que « cela était très bon ». Apprends-nous à nous laisser saisir par le bras miséricordieux du Fils de ta fille et entraîner dans la communion de l’Amour divin. Apprends-nous à reprendre vie en reconnaissant dans l’enfant de Bethléem livré aux flots tumultueux de l’histoire et de nos refus personnels et collectifs l’accomplissement de la Promesse divine. Et par cet enfant, apprends-nous à reconnaître dans tout enfant nouveau-né le signe indélébile de la marche de l’Éternel avec notre humanité.
P. Pascal-Grégoire